L’apparition de sites internet diffusant des informations non vérifiées, voire inventées de toutes pièces, n’a pas attendu l’arrivée des intelligences artificielles génératives. Mais le développement et la démocratisation des IA facilite grandement l’émergence de ces plateformes. « L’intelligence artificielle, ça va permettre de créer des faux sites, ou en tout cas, on va dire des sites Internet, hyper rapidement et à moindre coût », explique Rudy Uatini, business développeur dans une agence de communication du fenua.
L’intérêt pour leurs propriétaires ? Manipuler l’opinion ou, tout simplement, faire de l’argent. Très bien référencées, ces plateformes attirent les internautes. « Les créateurs de ces sites ont compris comment les algorithmes du référencement fonctionnent et ils vont, grâce à l’intelligence artificielle, essayer de répondre aux attentes de ces algorithmes. Les créateurs vont parfois surcharger leurs sites de mots-clés pour avoir du trafic, pour avoir du référencement naturel.«
Des sites créés en un temps record et parfois entièrement automatisés. « En ayant un agent IA qui est bien configuré, il est très facile d’aller scroller la page de TNTV, la page d’accueil, automatiser la récolte d’informations, automatiser la reformulation des articles, automatiser la génération d’images qui va illustrer l’article et automatiser sa publication. Tout ça, dans un écosystème qui, lui, est construit et supervisé évidemment par un humain, mais qui permet effectivement de générer des contenus dont on n’a pas forcément la propriété intellectuelle, dont on n’est pas à l’origine, hyper facilement, sans contraintes. En fait, on va s’affranchir de toute la compétence rédactionnelle, journalistique. On va s’affranchir de toute la compétence création graphique pour les images, de toute la compétence en développement pour la publication en ligne…«
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Pour générer des revenus, il suffit ensuite aux propriétaires de ces sites d’utiliser une régie publicitaire de type Google Ads. « Google ne va pas forcément vérifier l’authenticité des contenus. Google va vérifier que le site est construit dans les règles de l’art. Ça veut dire que le CMS (Content management System, NDLR) qui est derrière est un CMS populaire, c’est-à-dire que la construction du site est faite dans les tendances actuelles et que le contenu, plutôt la qualité du contenu, type mots-clés, définition des images, définition des vidéos, soit de bonne qualité. »
Selon Le Monde, en mai dernier, dans l’Hexagone, un tribunal a ordonné aux fournisseurs Internet de bloquer l’accès au site News.DayFR, un site accusé de plagier des articles d’une quarantaine de médias français et de recourir massivement à l’intelligence artificielle…
La multiplication de ces plateformes, utilisant parfois l’identité de vrais médias, touche aussi le fenua. Tahiti infos ou encore TNTV en ont récemment fait les frais. Certains vont jusqu’à acheter des noms de domaines très proches de noms de sites existants, pour tromper le public.
Pour ne pas tomber dans le piège, en tant que lecteur, voici plusieurs astuces : vérifier que l’URL correspond bien au site sur lequel on souhaite naviguer, mais aussi se renseigner sur l’auteur de l’article et sur les propriétaires de la plateforme. S’agit-il vraiment d’un média ? Le journaliste existe-t-il ou bien est-il fictif ?
Pour Maxime Terrassin, spécialiste en sécurité des systèmes de l’information, les internautes doivent avant tout faire preuve d’esprit critique.
D’autant que, si de plus en plus d’outils sont développés, « on est plutôt démunis pour arriver à identifier des contenus générés par l’IA. Et pour les vidéos, ça va être encore pire. Dans le futur, ça va être le nerf de la guerre. »
