C’est un secret de polichinelle : ils sont nombreux au fenua à posséder une (ou plusieurs) antennes Starlink. Certaines sont même revendues au marché noir.
Quelques particuliers ont obtenu une autorisation administrative d’importation du matériel délivrée par l’antenne locale de l’agence nationale des fréquences (ANFR). Puis l’ANFR a arrêté de fournir ce document (lire ici).
La direction générale de l’Économie numérique (DGEN) reste discrète, voire muette sur le sujet. La société d’Elon Musk n’a pas d’autorisation officielle du Pays pour délivrer ses services sur le territoire.
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La position du Pays est claire : « Starlink est une société qui, aujourd’hui, ne paye aucune taxe en Polynésie et qui donc ne contribue pas au maintien du service public, déclarait sur le plateau de TNTV le président du Pays Moetai Brotherson. Si demain, on laissait Starlink sans aucune obligation fiscale, finalement, qu’est-ce qu’on aurait comme résultat ? On n’aurait plus de bureaux de poste dans nos archipels. Est-ce que c’est ça que les Polynésiens veulent ? Pour certains Polynésiens, le bureau de poste, c’est le seul lien qu’ils ont avec tout un ensemble de services.«
Lire aussi – Starlink : le flou des autorisations d’importation du matériel
Le géant américain de l’internet par satellite inquiète : « Starlink a été autorisé aux iles Cook et en moins de 6 moins, ils ont gagné la moitié du parc de clients de l’unique opérateur télécoms, Vodafone », confiait dans l’émission Meta Fenua le directeur technique d’Onati, Tehina Thuret
Cependant, aucun texte de loi n’interdit de faire venir du matériel. Un flou qui ne date pas d’hier et qui persiste.
Les utilisateurs locaux de Starlink, eux, soulignent la « nécessité » d’être connectés, surtout lorsqu’on réside dans des iles éloignées : « Cette interdiction va à l’encontre de l’intérêt des Polynésiens (…) La connectivité est essentielle pour l’éducation, la santé, l’économie et le lien social », écrivent ils dans la lettre ouverte, publiée par un compte récent sur Facebook.
Le document de 7 pages pointe les tarifs élevés de l’internet local, « jusqu’à 9000 Fcfp par mois pour 100 Mb/s en fibre ou 10 Mb/s en ADSL et 6100 Fcfp pour à peine 10 Mb/s en fibre ». Pour 89 euros par mois (soit un peu plus de 10 000 Fcfp), Starlink propose par exemple de son côté un forfait « itinérance illimité » pouvant aller jusqu’à 370 Mb/s en download, 22 Mb/s en upload, selon des utilisateurs du fenua.
Pour eux, la « fracture numérique alimente un profond sentiment d’injustice. Elle pousse beaucoup de Polynésiens à chercher des solutions alternatives ». Les auteurs de cette lettre estiment que l’arrivée de Starlink « crée une saine concurrence ». « Refuser Starlink au nom de la protection d’un monopole local n’est plus soutenable (…) Les Polynésiens attendent une solution ».
Cette solution, pour le Pays, c’est Eutelsat OneWeb, une filiale du groupe français Eutelsat. Des tests ont déjà été effectués et Onati prépare le lancement des offres avec son nouveau partenaire…