Le tsunami annoncé sur les îles de Nuku Hiva, Hiva Oa et Ua Huka a bien eu lieu, dans la nuit de mardi à mercredi. Un temps annoncée à 4 mètres, la hauteur réelle des vagues à Nuku Hiva (1,5 mètres) n’a pas causé de dégats majeurs.
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« Les observations qu’on a pu faire sur l’ensemble des marégraphes sont en adéquation avec les estimations qu’on a faites » , confie Stéphane Quéma, responsable du laboratoire de géophysique de Tahiti et du centre polynésien de prévention des tsunamis (CPPT) . Dès la localisation du séisme, les équipes du CPPT ont modélisé la propagation du tsunami pour anticiper les zones les plus exposées. Dans le Pacifique, le tsunami se déplace à environ 800 km/h.
Ces prévisions s’appuient sur plusieurs outils complémentaires : « Il y a les marégraphes qu’on va utiliser pour suivre l’avancée du tsunami et son impact dans le Pacifique […] et ce qu’on appelle les bouées DART (Deep-Ocean Assessment and Reporting if Tsunami, ndlr). Ce sont des capteurs qui sont là en océan profond, contrairement aux marégraphes qui sont au bord des côtes. Les bouées DART vont donner une indication de l’avancée du tsunami, mais en océan profond. Et à partir de ces différentes observations, on recale nos modèles au fur et à mesure » , décrit-il.
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Au cœur de la nuit, les données ont révélé que la baie de Taipivai pouvait être plus touchée que prévu. « On a rejoué nos modélisations, on a vu qu’effectivement, on avait un phénomène qui était de plus forte ampleur que ce qu’on avait estimé au départ. Et donc, par mesure de précaution, on a préféré prévenir que de continuer comme ça. Les règles font qu’on était déjà au-delà de 1 mètre et que les consignes de sécurité étaient appliquées par la population » , explique Stéphane Quéma.
Pourquoi un impact plus marqué aux Marquises ? « C’est entièrement la bathymétrie des différentes îles« , répond le scientifique.« L’impact du tsunami est très faible sur les atolls des Tuamotu, qu’on pourrait penser être plus impactées, contrairement aux Marquises (…). Ce qui va plus impacter, ça va être le relief sous-marin au niveau de ces îles. Et là, c’est le phénomène qu’on a pu observer sur les Marquises, qui disposent d’un plancher océanique assez important, et qui fait que le phénomène tsunami est amplifié sur l’archipel » .
Contrairement aux idées reçues, un tsunami n’est pas une vague unique mais une série d’oscillations rapides. « On a pu observer un retrait de la mer. Et progressivement, on a vu la mer remonter. C’est une succession de marées très rapides, avec une élévation du niveau de la mer et un fort retrait quand ça se retire. On a pu noter sur les Marquises une augmentation de ces oscillations » .
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Du côté du Haut-commissariat, on salue la coordination des acteurs locaux et le respect des consignes par la population. Grâce au système de notifications FR-Alert, même si un incident de logiciel a empêché le déclenchement de certaines sirènes dans un premier temps, les Marquisiens qui vivent dans les zones à risque ont pu se réfugier sur les hauteurs.
Le secrétaire général du Haut-commissariat Xavier Marotele rappelle toutefois que la vigilance est maintenue pour les « 10-15 jours à venir » , notamment en raison du risque de répliques. À 4h20, la Marine Nationale a fait décoller son Falcon 50 Marine Triton et sa caméra optronique haute définition pour une reconnaissance aérienne de sept heures au dessus des îles.
Le phénomène décroît, mais la surveillance continue. « À partir de nos modélisations, on sait que le phénomène va quand même continuer à perdurer dans le temps et atteindre des hauteurs qui nécessitent encore de continuer la vigilance. Pour le moment, on n’arrête pas l’alerte au niveau maritime » , conclut Stéphane Quéma.