Sous le fare pote’e, ce vendredi matin, les mains s’activent sans relâche. Les kits de course s’alignent, prêts à être distribués aux plus de 1 000 participants attendus cette année. Elles sont huit, toutes épouses ou compagnes de rameurs, et travaillent depuis plus d’un mois à la préparation de cette grande fête du va’a.
« Ça demande beaucoup de temps et beaucoup de concentration aussi, pour éviter de faire des erreurs« , confie Hereiti Estall, épouse de Kyle Taraufau et membre de l’association Save Va’a.
La tâche est vaste : remise des dossards, gestion des départs, classement final…et tout cela, bénévolement. “On remet les paquets, (…) il faut gérer les remises dossards, surtout quand c’est quotidien, il y en a beaucoup”, explique Maguy Vivish, femme de Steeve Teihotaata.
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Le jour J, elles se lèvent avant l’aube. “On se réveille tôt pour arriver tôt, pour que quand les rameurs arrivent, on est au taquet. On s’occupe de toute la logistique sur terre, c’est-à-dire les départs, de la remise paquets au départ et à l’arrivée des rameurs, jusqu’au classement et jusqu’à la remise des prix”, détaille Chloé Deane, compagne de Hoatua Tutearii.
Pour certaines, cet engagement a une dimension profondément personnelle. Marie-Thérèse Ufa, veuve de Kevin Kouider – disparu lors de la Hawaiki Nui Va’a 2023 – continue de s’impliquer comme coordinatrice de la Taho’e. “C’est une manière pour moi d’être encore avec Kevin. C’est comme apporter sa part à lui parmi les autres garçons. C’est plus pour ça. J’aime aussi maintenant, je suis plongée dedans. C’est l’amour du Va’a aussi maintenant, la passion du Va’a.”
La Taho’e, organisée à 100% par les rameurs, est née sous le nom de “Paquet Save Va’a” avec 400 participants lors de sa première édition. En 2024, elle prend offficiellement le nom de Taho’e et franchit un cap avec 900 inscrits. Cette année, la barre symbolique des 1 000 compétiteurs est atteinte, confirmant la place de la course dans le calendrier sportif polynésien.
Demain, sur l’eau, les pirogues fileront vers la victoire. Mais sur la terre ferme, la course aura déjà été gagnée par celles qui dans l’ombre, auront tout préparé.