Zonage côtier des Marquises : « le combat est à l’extérieur », estime Taivini Teai

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    Alors que les hakaiki ont été reçus mercredi dernier par le président du Pays, le ministre de l'Agriculture et des ressources marines Taivini Teai estime que la question de la délimitation du zonage côtier dédié à la pêche artisanale doit se régler "pas à pas" . "Le combat, ce sont les senneurs au-delà de notre ZEE qui jettent des milliers de DCP dérivants", estime-t-il. Interview.

    TNTV : Pourquoi d’après vous, les armateurs de thon n’ont pas souhaité répondre (aux demandes d’interview de TNTV – ndlr) ?
    Taivini Teai, ministre de l’Agriculture et des ressources marines :
    « Je ne vais pas me mettre à la place des armateurs, mais en tout cas, je tiens à les remercier parce que dans toutes les discussions que l’on a depuis plus d’un an, avant même le statut de maire pêcheur, ils ont toujours répondu présent. Il y a plusieurs niveaux dans le déplacement qui a été fait par le gouvernement à l’UNOC et par les associations et les membres de la société civile. Le premier niveau, c’est l’AMP de catégorie 6 sur l’intégralité de notre ZEE, qui ne change pas beaucoup dans la mesure où on était déjà dans la gestion durable de notre pêche pélagique. Il respecte également des mammifères marins, des espèces emblématiques, mais il vient se rajouter quand même l’interdiction des chaluts et des senneurs, ainsi que l’interdiction de l’exploitation des fonds sous-marins » .

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    TNTV : Selon les maires des Marquises, les annonces vont dans l’intérêt des thoniers. Quel est votre regard ? Ont-il fait pression ?
    T.T :
    « Non, pas du tout (…). Pour compléter, donc, il y a le deuxième niveau, c’est les AMP, les aires marines protégées de niveau 1 et 2 qui seront à l’Ouest de la Société, transfrontalier avec les îles Cook et les îles Kiribati, et également au sud-est de la ZEE, c’est-à-dire cette fois-ci transfrontalier avec Pitcairn. Le troisième niveau, c’est justement ce zonage. Il y a 30 miles pour les îles de la Société, il y a 15 miles pour toutes les autres îles. 30 miles sur la Société, pourquoi ? Parce qu’il y a beaucoup de pêcheurs côtiers, sur ces îles, et par contre, beaucoup moins sur les autres îles. Aux Marquises, on compte 27 licenciés » .

    TNTV : Les hakaiki ont 15 nautiques, ils en veulent 30 depuis 10 ans.
    T.T :
    « Ils ont 15 nautiques, c’est-à-dire qu’en deçà de ces 15 nautiques, les navires hauturier n’auront pas le droit de pénétrer et de mettre leur longline. Il a également été proposé par le président de faire une jonction entre les Marquises nord et les Marquises sud, parce que c’était vraiment une attente des hakaikis de ne pas avoir les thoniers entre leurs îles » .

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    TNTV : Pour préciser un petit peu sur ce circuit, on va éclaircir ce point. Concrètement, ces maires disent qu’ils vont voir passer ces thoniers. Est-ce qu’il existe pour eux une zone de pêche entre ces îles ?
    T.T : « Actuellement, ils peuvent passer en effet entre les îles. Avec la mise en place de ce nouvel arrêté de gestion de notre ZEE, ils ne pourront plus passer entre nos îles. Pourquoi ? Parce qu’ils ont une balise de positionnement satellite, balise qui est suivie par nos agents de la DRM » .

    TNTV : Au sujet du positionnement des maires des Marquises, vous les avez vous-même rencontrés. Pourquoi n’ont-ils pas eu gain de cause ?
    T.T : « Parce que nous devons aller pas à pas. On ne peut pas du jour au lendemain instaurer, comme ils l’ont souhaité au début, 50 miles de protection côtière, alors qu’on le sait très bien, nos îles font l’office de DCP, font l’office de remonter des alluvions qui sont dans le fond sous-marin et sont des oasis de vie. C’est autour de nos îles que se font les pêches » .

    TNTV : Concrètement, c’est une question dont s’est emparé l’ethnologue Edgar Tetahiotupa avec un geste fort. Il a entamé une grève de la faim. Vous allez le laisser continuer ?
    T.T :
    « Je respecte M. Edgar. C’est un sage. Il est membre de l’académie. Moi, j’aurais tendance à penser néanmoins que le combat n’est pas entre nous, en fait. Le combat est à l’extérieur. Le combat, c’est combattre tous les senneurs qui croisent, qui sont au-delà de notre ZEE et qui jettent des milliers de DCP dérivants. Simplement 10% d’entre eux sont repris par ces mêmes senneurs. C’est-à-dire que plus de 90% s’échouent sur nos côtes. On fait partie des trois régions du monde les plus impactées par ces dispositifs de concentration de poissons » .

    TNTV : Mais ce n’est quand même pas rien, une grève de la faim. Donc quelle va être la suite ? Quel est le calendrier ? Le Président dit vouloir continuer à travailler pour un accord l’an prochain. Est-ce que c’est vraiment réaliste ?
    T.T :
    « Oui, c’est réaliste à partir du moment où dans cet arrêté, nous mettons en place un comité de gestion dont font partie justement les maires, dont font partie les représentants de la société civile, des hauteuriers (…) qui sont programmés pour évaluer justement la pertinence de ce que nous avons mis en place » .

    TNTV : L’actualité agricole aussi avec vous. Vous avez quel projet concret dans les tuyaux ?
    T.T : « En continuité avec l’UNOC sera examinée ce jeudi, en session administrative de l’Assemblée, une loi sur l’épandage des effluents qui viennent de nos activités agricoles. Pourquoi cette loi ? On a pu le voir avec des exploitations porcines, il peut arriver d’avoir des épandages ou du lisier qui part dans les rivières, et la prolifération d’azote, matière algale. Tout cela vient encadrer des bonnes pratiques agricoles » .

    TNTV : Mais est-ce vraiment une priorité quand l’actualité évoque les difficultés des maraîchers par exemple à assurer leur production concrètement côté agriculture ? Comment vous accompagnez ces agriculteurs ?
    TNTV :
    « Bien entendu, il y a toujours les aides qui sont les dispositifs d’aide agricole au niveau de la direction de l’agriculture, mais au-delà de ça, par rapport à l’accentuation des changements climatiques et des événements climatiques météorologiques, va être examinée à l’Assemblée une caisse d’assurance assurantielle pour prendre en compte ces problèmes climatiques et avoir la possibilité de donner un petit pécule pour que les agriculteurs puissent rebondir« .

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