Alexandre Rochatte est le 20ᵉ haut-commissaire de la République en Polynésie. Âgé de 55 ans, le haut fonctionnaire n’arrive pas en terre inconnue puisqu’il était secrétaire général du haussariat entre 2010 et 2012.
Un bagage qui lui permet de prendre la mesure des dossiers d’importance au fenua et de nouer des liens de confiance avec les élus locaux. Sur le volet économique, une compétence du Pays, l’Etat reste un pilier fondamental.
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« Les transferts de l’État, qui étaient l’année dernière à 222 milliards de francs, représentent un tiers du PIB, c’est-à-dire de la richesse intérieure. C’est énorme. Et 50% de ces transferts servent à des politiques publiques en Polynésie », souligne le politologue Sémir Al Wardi.
Des flux financiers historiquement hauts qui n’ont pourtant pas résolu les problèmes de précarité. « Nous sommes très inégalitaires », ajoute Sémir Al Wardi, « la France a du mal à supporter évidemment qu’il y ait autant d’inégalités en Polynésie, mais ne peut rien faire puisque cela relève des compétences de la Polynésie française, c’est-à-dire de la classe politique locale. »
Malgré l’instabilité politique et les difficultés financières au niveau national, le politologue écarte l’idée de toute diminution des budgets alloués à la Polynésie.
« Nous sommes dans l’Indo-Pacifique et l’Indo-Pacifique fait que la France compte dans le monde. Il faut croire que malgré les restrictions budgétaires qu’il y a en métropole, la Polynésie française peut espérer maintenir le niveau des transferts à un tiers du PIB », dit-il.
Sur le volet politique et celui des compétences partagées ou régaliennes, le nouveau haut-commissaire et le gouvernement Brotherson devront s’accorder pour plus d’efficacité.
« Il y a la nécessité d’une entente avec l’État. Je prends l’exemple du Covid. Nous étions ici dans la compétence du territoire, mais il a accepté largement l’intervention de l’État dans ce cas-là. C’est la même chose pour la drogue, pour les accidents de la route, etc. Il y a des mesures de prévention, il faut faire travailler le gouvernement, les associations, etc. Et l’État est totalement ouvert à cela déjà depuis un certain nombre d’années », estime Sémir Al Wardi.
Disposant de la compétence en matière de sécurité publique, Alexandre Rochatte devra donc s’attaquer aux fléaux de notre société. Drogues, violence intrafamiliales et accidents de la route devraient figurer sans ses priorités.
Pour le directeur de l’association de prévention routière de Polynésie, le Pays doit aussi accélérer sur le dossier. Avec 27 morts sur les routes depuis le début de l’année, il y a urgence.
« Ce qu’il faut, c’est que le pays se donne les moyens de pouvoir prendre en charge les personnes addictes et puis je remettrai toujours un petit couplet sur la fourrière, parce que je pense que la fourrière, comme l’avait dit le monsieur Spitz, il faut confisquer l’arme du crime, toucher aux porte-monnaie pour les délits ciblés », estime Nino Bonis.
Alexandre Rochatte devrait dès ce lundi entamer les traditionnelles visites protocolaires, notamment avec le président Brotherson afin de se plonger rapidement dans le bain politique.