« Un jeune diplômé » : Ukyo, premier chien d’assistance judiciaire en Outre-mer, intègre l’APAJ

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    Arrivé récemment en Polynésie française, Ukyo est un golden retriever pas comme les autres. Formé pour accompagner les victimes d’infractions pénales lors d’auditions ou de procès, il intègre désormais l’équipe de l’APAJ. Un soutien précieux pour des personnes qui n'ont pas l'habitude de s'exprimer devant des représentants de la Justice.

    TNTV : Vous venez en aide à la fois aux victimes mais aussi aux auteurs d’infractions pénales. C’est grâce à vous entre autres, que Ukyo est présente sur le territoire. C’est une belle avancée en matière d’aide aux victimes.
    Cécile Moreau, directrice de l’Association polyvalente d’actions socio-judiciaires de polynésie française (APAJ) :
    « Oui, on espère que ça apportera du soutien et une forme de soulagement à toutes les victimes qui ont à témoigner devant les juges ou devant les forces de l’ordre. On sait que révéler les faits, parler de ce qui s’est passé, c’est un des moyens pour arrêter qu’ils se reproduisent. Si on peut aider les victimes bien souvent traumatisées et stressées à la perspective de ces auditions, c’est le moins qu’on puisse faire » .

    TNTV : Ukyo est le premier et le seul chien d’assistance judiciaire en Outre-mer. On imagine que ça a été un long combat pour qu’il vienne ici officier sur le territoire. Quelles ont été les démarches ?
    C.M :
    « Il a fallu déjà postuler au bénéfice de ce chien. Ça fait longtemps, dès le projet pilote et avant même la convention nationale, qu’on s’est rapprochés de France Victime en indiquant qu’on était intéressé pour être dispositif pilote sur ce projet. On n’a pas été retenus à cette époque-là, notamment parce que sur un projet pilote, prendre autant de risques et faire venir un chien à l’autre bout du monde, c’était un risque important. Mais à partir de 2022, on est revenu sur la construction même du projet. On a pris contact avec France Victime, qui est un des signataires de la convention avec le ministère de la justice et on a pris contact avec handi’chiens. Je me suis formée sur le montage de projets spécifiques pour postuler au bénéfice d’un chien d’assistance judiciaire. Et puis après, ça a été comme vous l’imaginez, un travail de longue haleine avec le soutien de la cour d’appel, avec les autorités locales pour permettre l’arrivée de ce chien » .

    TNTV : Avant sa venue, Ukyo a récemment officié auprès des victimes du pédocriminel Joël Le Scouarnec en France, un procès où il était en phase test. Ukyo est finalement un tout jeune débutant.
    C.M :
    « Il a intégré l’organigramme de l’APAJ. C’est un nouveau salarié et je dirais qu’on a recruté un jeune diplômé. Il a les connaissances techniques, mais il n’a pas encore été mis en situation réellement en dehors de ce procès. Il va vivre ses premières situations. Il a été formé pendant de longs mois avec la structure handi’chiens, donc il connaît les commandes, il connaît la façon de réagir et de se comporter dans un tribunal. Pour l’instant, il n’a pas assisté de nombreuses victimes, mais les premières missions qu’il a accomplies sont plutôt encourageantes » .

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    TNTV : Qu’est-ce qu’un chien d’assistance judiciaire apporte concrètement aux victimes ? Quelles sont ses capacités ?
    C.M :
    « Un chien d’assistance judiciaire est sélectionné pour son comportement calme, sa capacité à rester non-stressé, sur une position assez figée ou relativement figée pendant un certain temps, parce que le labrador ou le golden – comme Ukyo – aime les humains et en capacité d’aller vers eux, ça c’est travaillé. Il repère les sensations des gens stressés et a tendance à y aller (…). Il fait office de média, c’est-à-dire que ça vient favoriser la communication avec l’autre en faisant baisser le degré de tension » .

    TNTV : Ukyo est amené à rester sur le territoire, on parle de l’accompagnement que lui va apporter aux victimes, mais quel accompagnement on va lui apporter ?
    C.M :
    « On va en prendre soin, parce qu’on ne va pas avoir un deuxième chien d’assistance judiciaire de sitôt, c’était un vrai parcours du combattant pour qu’il arrive. Il est pris en charge par deux personnes qui sont éducateurs canins ici et qui conserveront le chien en soirée et le week-end, ce qui nous permettra de garder le bénéfice de la formation du chien, de l’entretenir, d’entretenir les acquis. Actuellement, ces formateurs sont sur le territoire, ils ont formé deux éducateurs et moi-même le week-end dernier (…). Ils s’attacheront à former les salariés de l’APAJ qui auront vocation à intervenir aux audiences pour accompagner le chien, aux audiences et aux auditions » .

    TNTV : Si Ukyo est au fenua, c’est bien parce que les faits de violences sur mineurs, notamment, sont fréquents et graves. Est-ce que vous pouvez faire le point sur la situation ?
    C.M :
    « Sur les dernières années, on a constaté une véritable évolution, on a presque doublé sur les cinq dernières années le nombre de mineurs qui nous sollicitent, ce qui ne veut pas dire qu’il y a plus de violences qu’avant, ça veut dire simplement qu’elles sont plus révélées. Cela signifie aussi qu’il y a plus de judiciarisation et que donc, il y a besoin de davantage d’accompagnement » .

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