Dans les bureaux de la direction du Travail, à Papeete, la responsable de la nouvelle cellule consulte les premières fiches d’audition. Ces documents concernent des travailleurs rencontrés lors de contrôles menés dans une fête foraine. Chaque année, ces événements font l’objet d’inspections, principalement sur les questions de sécurité et santé au travail. Mais cette fois, les vérifications s’étendent à la légalité des contrats de travail, aux déclarations sociales et aux conditions d’emploi.
« On a vu pas mal de manquements justement sur des absences de déclaration au niveau de la CPS, des absences de paiements au Smig, énumère Lovina Joussin, responsable de la cellule de lutte contre le travail illégal. On a vu aussi un mineur de 15 ans. Le Code du travail interdit l’emploi de mineurs de moins de 16 ans en travail de nuit. Ça va être rappelé aux forains ».
Des contrôles qui sont déclenchés suite à des signalements. Depuis le début de l’année, ces alertes ont triplé à la direction du Travail. La nouvelle cellule traite donc ces dénonciations en priorité, tout en adoptant une approche pédagogique. Les sanctions peuvent être lourdes : jusqu’à 178 000 Fcfp pour une absence de déclaration auprès de la CPS, 89 000 Fcfp pour un bulletin de salaire non délivré. Des chiffres qui rappellent l’importance de se mettre en conformité.
– PUBLICITE –

« Le travail illégal, c’est à la base ne pas déclarer son entreprise. Il y a des entreprises qui fonctionnent sans avoir de numéro Tahiti, sans avoir de numéro RC, ça, c’est du travail illégal. Ne pas remettre un bulletin de salaire à une personne, la sous-déclarer, prendre des faux patentés… Ça ce sont des exemples du travail illégal ».
La lutte contre le travail illégal, un combat de longue date pour les chefs d’entreprise, qui restent pourtant sceptiques face aux moyens alloués à cette nouvelle entité.
“On est un peu surpris (par la création de la cellule, depuis seulement le 20 juin, NDLR) mais en même temps ça part certainement d’un bon sentiment d’essayer de travailler contre le travail illégal, estime Christophe Plée, président de la CPME. Je rappelle qu’on devait déjà le faire. Néanmoins, nous, ce qu’on constate, c’est que les moyens de l’inspection du travail n’ont pas augmenté. On sait qu’il manque des postes. Ça fait 10, 15, 20 ans qu’on répète les mêmes choses. Et donc si c’est pour faire un effet d’annonce, on considère que la priorité, c’est de renforcer les effectifs de l’inspection du travail. Parce que faire à enveloppe constante le même travail que l’on faisait, on sait très bien qu’aujourd’hui l’inspection du travail n’a pas les moyens de sa mission. »
Actuellement, la cellule s’appuie sur une inspectrice et 5 contrôleurs. Mais pour une action efficace, les besoins sont de 7 inspecteurs, 11 contrôleurs et 5 assistants.

Pour connaître vos droits en tant que salariés, n’hésitez pas à vous rendre sur la page Facebook de la direction du travail ou sur son site www.service-public.pf/trav