TNTV : Comment s’est déroulée cette rentrée 2025 ?
Thierry Barrère : « Dans l’ensemble, la rentrée s’est plutôt bien passée avec toujours des ajustements qui doivent être faits. On a quelques manques en enseignants, je crois, Mataiea, des agents techniques qui manquent. Au lycée professionnel d’Uturoa et au collège de Huahine, on attend aussi des secrétaires. Mais dans l’ensemble, chaque élève a eu un enseignant en face ».
TNTV : De manière générale, on observe une baisse du nombre d’élèves, mais aussi du nombre d’enseignants. Comment analysez-vous cette évolution ?
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Thierry Barrère : « La démographie, c’est quelque chose qui nous échappe, puisque c’est sociétal. Derrière ça, on a une baisse des effectifs, donc ça veut dire une baisse peut être des moyens humains. Mais pour nous, à UNSA Éducation, il faut profiter de cette baisse démographique, c’est-à-dire moins d’élèves, pour aussi faire baisser les effectifs dans les classes, pour permettre un meilleur enseignement, permettre des enseignements adaptés à chaque élève. Et puis aussi, comme le disait l’inspecteur, s’il y a moyen de renforcer les équipes mobiles pour des remplacements ou autre. Il ne faut pas baisser non plus les effectifs, il faut faire en sorte de les répartir pour une meilleure éducation ».
TNTV : De nombreux enseignants expriment aujourd’hui un manque de reconnaissance, sur le plan salarial comme sur leurs conditions de travail. Partagez-vous le même constat ?
Thierry Barrère : « Hélas, oui. La reconnaissance salariale, elle doit être là. Aujourd’hui, on voit le travail d’enseignant qui est de plus en plus difficile et le budget au niveau national a été gelé. Il n’y aura pas de revalorisation salariale cette année, ni pour les enseignants, ni pour les fonctionnaires en général. Donc, pas de reconnaissance en vue. Alors même que lorsqu’il y a eu le Covid, les enseignants avaient été très sollicités pour la continuité de l’enseignement. Il faut une reconnaissance et surtout un respect des enseignants dans leur métier. Aujourd’hui, on s’aperçoit que les enseignants font un peu plus de garderie et il faut, qu’au final, ils puissent développer leurs enseignements et travailler dans des conditions les meilleurs possibles pour eux et pour les enfants, bien évidemment ».
TNTV : A Taravao, une pointeuse a été installée à destination des agents techniques. Quel message cela envoie selon vous ?
Thierry Barrère : « Nous, à l’UNSA Éducation, on s’est positionnés contre. On ne souhaite pas de flicage. Les agents sont des personnels responsables. Aller pointer avec une pointeuse, pour nous, ce n’est pas entendable, surtout qu’il y a des risques. Aujourd’hui, ce sont les agents et ce n’est pas normal. Demain, ce sera peut-être les enseignants, on ne sait pas. Mais en tous les cas, ça pose une question sur qui doit pointer. A mon avis, il va falloir discuter parce que ça risque aussi d’être généralisé, parce qu’on ne peut pas discriminer uniquement les agents techniques et pas les autres. Pour nous, c’est une question qui doit être discutée. Mais dans un premier temps, on refuse ».
TNTV : Au sujet de l’ice, la semaine dernière, un élève a été appréhendé avec un sachet sur lui. Quelles sont les solutions ?
Thierry Barrère : « L’heure est grave et il y a urgence. Il est temps d’agir. Aujourd’hui, on voit se développer ce type de deal dans les établissements, alors que l’établissement scolaire doit être un sanctuaire. Les parents déposent leur enfant à l’école en étant sûr que leur enfant soit en sécurité. Ce n’est plus vraiment le cas. Donc il faut mettre en face des moyens humains. Il faudrait qu’il y ait un peu plus de surveillants. On peut aussi imaginer des brigades de prévention qui pourraient passer le message aux élèves. On peut imaginer des patrouilles un peu plus souvent. Et en même temps, on pourrait matériellement faire de la vidéosurveillance pour permettre d’identifier les dealers qui seraient aux alentours des établissements ».
TNTV : Concernant l’indemnité temporaire de retraite qui prendra fin d’ici à 2 ou 3 ans. Elle a été longtemps présentée comme un avantage majeur pour les fonctionnaires d’État en Polynésie. Comment l’UNSA analyse sa remise en question ?
Thierry Barrère : « Attention, ce n’est pas un avantage. C’était juste la poursuite de l’index correcteur qu’on avait lorsqu’on était d’active. Donc une fois qu’on part à la retraite, effectivement, pour compenser la vie chère, on avait l’ITR. Aujourd’hui, ce que l’État a proposé, c’est la cotisation volontaire à la retraite. C’est le seul système que l’État a proposé et c’est le seul système qu’on a actuellement et qui va remplacer petit à petit l’ITR. Il est ce qu’il est, mais il a le mérite en tous les cas d’exister. Ce n’est pas ce que nous avons demandé, mais nous allons encore faire partir une mission en septembre pour rencontrer le ministère des Outre-mer et celui de la Fonction publique pour essayer d’améliorer le dispositif : augmenter le plancher, faire en sorte que certaines personnes qui n’y avaient pas droit parce qu’ils étaient en détachement ou n’étaient pas en Polynésie au 1er janvier 2004, puissent en disposer aussi. Donc, on travaille encore pour améliorer le dispositif ».