Ils ne décolèrent pas. Les professionnels du secteur de la cigarette électronique ont décidé de se fédérer pour ne pas devoir mettre la clé sous la porte. Autour de la table, tous ont exprimé leurs inquiétudes, mais surtout leur étonnement après l’adoption du texte décrié.
« C’est une surprise. Nous avons fait tout un travail de fond avec le ministère de la Santé. Il y avait un projet de loi qui, à mon sens, convenait à tout le monde, notamment en termes de prévention et de stratégies à moyen et long terme, pour diminuer la consommation et surtout les dérives que l’on connait aujourd’hui », explique Roméo Lai Fao, gérant d’un commerce spécialisé.
Le texte finalement adopté a pris de court les professionnels qui étaient pourtant favorables à une réglementation plus sévère de leur secteur d’activité. Mis devant le fait accompli, ils ont donc décidé de riposter.
« Nous attendons la publication au Journal Officiel pour pouvoir travailler sur l’amendement qui a été pris vendredi dernier », indique Torea Gille, gérant d’une autre enseigne, « notre juriste est en contact avec des avocats de Paris afin de pouvoir le contester devant le Conseil d’Etat ».
« On va tous se serrer les coudes pour trouver une solution », ajoute un autre professionnel du secteur, Torea Ly, « on ne veut pas sacrifier nos sociétés et, surtout, on veut garder les emplois ».
L’usage détourné des cigarettes électroniques par les jeunes pour consommer de la drogue a été invoqué à l’Assemblée pour justifier l’amendement. Un argument qui laisse Me Marie Eftimie-Spitz dubitative. Sur le plan juridique, il porte selon elle atteinte à la liberté du commerce.
« Il faudrait se poser la question de savoir s’il ne faudrait pas interdire les cuillères et les briquets pour éviter la consommation d’ice », raille l’avocate, « je suis étonnée que cette absurdité n’ait pas sauté aux yeux de l’Assemblée de la Polynésie ».
« Quand on limite la liberté du commerce et de l’industrie, il faut poursuivre un but d’intérêt général. Si le but poursuivi est celui de la santé, le juge doit regarder que les moyens qui sont mis en œuvre pour poursuivre ce but sont adéquats. Il est possible que le juge se pose la question de savoir si c’est adéquat de supprimer un des multiples moyens de consommer de l’ice qui peut être n’importe lequel, y compris la cuillère et le briquet », ajoute la pénaliste.
En attendant le dépôt d’un recours devant le Conseil d’État, les professionnels de la vape et les membres du MEDEF se reuniront, ce jeudi.