Tahiti Nui Télévision : 142 kg saisis en Polynésie, 67 en Nouvelle-Calédonie et plus de 285 kg dans des conteneurs arrivant à Melbourne. Comment vos équipes et celles de vos collaborateurs ont-elles identifié et intercepté ces conteneurs ?
Serge Puccetti, directeur régional des douanes : « Alors, c’est un beau résultat. C’est un beau résultat parce que c’est le fruit du travail des agents des douanes qui, avec pugnacité, avec un travail quotidien, de l’expérience, recherchent et trouvent de plus en plus souvent de la drogue. Et également grâce à une coopération internationale qui a très bien fonctionné, vous l’avez dit, avec les Australiens, les Néo-Zélandais, les Américains et bien sûr les Français de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie. »
TNTV : Alors, cette drogue a été dissimulée selon la méthode du rip-off. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce mode opératoire et pourquoi est-il si difficile à détecter ?
Serge Puccetti : « Alors, le rip-off, c’est très simple. Ce sont les organisations de trafiquants de drogue qui introduisent les stupéfiants dans les conteneurs à l’insu de l’expéditeur et du destinataire. Alors, ils peuvent le mettre dans les différents endroits du conteneur, peut-être juste derrière les portes, dans la marchandise ou dans un plafond ou le plancher du conteneur. Et c’est donc très difficile à trouver parce que, ainsi qu’on le sait, les porte-conteneurs arrivent avec des milliers de boîtes. Et il faut donc pouvoir détecter dans lequel de ces conteneurs les trafiquants ont caché la drogue. »
TNTV : Et puis, il y a aussi les réglementations selon les zones géographiques. C’est là où s’est illustrée cette coopération régionale. On en parlait un peu plus tôt, d’ailleurs.
Serge Puccetti : « Oui. Alors, cette coopération interrégionale est très importante parce qu’elle met en œuvre toutes les douanes du Pacifique et qui font que les contrôles peuvent s’exercer dans le flux sans gêner ce flux pendant le temps d’escale des porte-conteneurs. Et donc, en Polynésie, on peut contrôler les conteneurs qui sont accessibles. Mais on a aussi la certitude de pouvoir faire contrôler des conteneurs qui ne sont pas accessibles en Polynésie et qui le sont peut-être en Calédonie ou en Australie. Et ainsi avoir la certitude de pouvoir contrôler tous les conteneurs qu’on estime sensibles ou suspects et susceptibles de transporter de la drogue.«
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TNTV : Donc, concrètement, les services douaniers vont intervenir sur le haut du bateau, par exemple. Et puis, petit à petit, au fil de la chaîne, chacun à son tour va venir contrôler certains conteneurs, c’est ça ?
Serge Puccetti : « Voilà, c’est exactement ça. Avec tout un travail de coopération, d’information entre les douanes, mais aussi tout un travail de réflexion sur le conteneur, je dirais sur sa vie, d’où il vient, ce qu’il transporte, et qui fait qu’on peut sélectionner plutôt tel conteneur ou tel autre conteneur en fonction de la sensibilité qu’on lui attribue. »
TNTV : Parce qu’il y a certaines informations qui peuvent déjà être des indicateurs, finalement, de potentielles tentatives ?
Serge Puccetti : « Oui. Alors déjà, la provenance, la marchandise qu’il transporte. Et puis ensuite, un certain nombre d’éléments que nous avons sur lesquels on va pas forcément rentrer dans le détail. Et puis, je dirais, c’est beaucoup le travail des agents des douanes, leur professionnalisme, leur pugnacité, les moyens qui sont mis à leur disposition, les équipes de maîtres de chiens, les scanners. Enfin, il y a beaucoup d’éléments qui font que, justement, on peut avoir ces résultats importants. D’ailleurs, pas simplement que sur la cocaïne, puisque ainsi que vous l’avez vu, la douane a eu beaucoup de résultats ces derniers temps grâce à ce travail.
TNTV : Les 23 kilos d’ice, par exemple, récemment en Polynésie…
Serge Puccetti : « Tout à fait. Alors il y a eu également sur le fret containerisé par voie maritime de la drogue qui, là, pour le compte, arrivait en Polynésie. Donc ça, c’est très important d’avoir saisi cette drogue de l’ice dans une quantité très importante, 23,3 kilos. C’est une saisie historique pour la Polynésie, malheureusement. Mais là également, grâce à un travail d’investigation, de réflexion stratégique et puis de contrôle de la part des agents.«
TNTV : Les trafiquants n’utilisent pas que les navires de commerce. On le sait. Est-ce que vous apportez une attention particulière aux risques par avion, par fret postal ou même auprès des plaisanciers ?
Serge Puccetti : « Alors, vous l’avez dit dans votre reportage, d’ailleurs, qui était particulièrement bien fait. La douane est sur tous les fronts. Elle est sur tous les vecteurs. Alors on est sur le fret postal, le fret express, les passagers aériens, les croisières, les navires inter-iles, les bateaux de plaisance. Et c’est comme ça qu’également, le mois dernier, nous avons saisi une quantité tout à fait significative de cocaïne qui, là pour le compte, était destinée à la Polynésie puisque c’était 1 kilo. Grâce justement à ce travail, que ce soit sur Tahiti ou dans l’ensemble des archipels. La douane se déplace, va faire des contrôles aux Marquises, dans les îles Sous-le-Vent, aux Tuamotu, etc. permet justement de protéger la Polynésie, ce qui est notre vocation, protéger la Polynésie et ses habitants. »