TNTV : Vous êtes arrivée en Polynésie dimanche dernier. L’idée de ce déplacement, c’est de discuter, de se rencontrer pour mieux lutter finalement contre les inégalités éducatives et sociales…
Morgane Verviers : « Tout à fait. L’UNSA Education, c’est une fédération qui arrive à réunir 23 syndicats qui représentent plus de 60 métiers, qui représentent des personnels qui gravitent autour des jeunes, petits, mais aussi grands, puisqu’on parle de l’éducation scolaire, de la jeunesse, des sports et de la recherche. Effectivement, en congrès, il y a plus d’un an et demi, il a été décidé de lancer une démarche nationale, un plaidoyer pour les politiques éducatives de jeunesse dans les territoires ultramarins. Aujourd’hui, être en Polynésie, c’est la première étape pour, effectivement, travailler avec les équipes en place. L’UNSA Education en Polynésie, c’est la première force syndicale sur le champ de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et notre équipe nous a appelés à mettre en avant la question de la santé des jeunes. Évidemment, derrière cette question, il y a la question des inégalités. Mais voilà la santé au niveau social, la santé physique, psychique, la santé mentale ».
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TNTV : Vous êtes depuis trois jours sur le territoire. Quelles sont vos premières constatations ?
Morgane Verviers : « On a eu l’occasion d’avoir plusieurs rencontres de terrain avec des personnels, de pouvoir échanger, de se déplacer dans des établissements. Des rencontres aussi plus protocolaires, puisque j’ai eu aussi l’occasion d’échanger avec le président de l’Université, madame la vice-présidente du Pays et ministre des Solidarités, ainsi que le vice-recteur. La question c’est bien de dézoomer sur les enjeux propres, on va dire, au Pays, sur les enjeux éducation ».
TNTV : En Polynésie, les violences intrafamiliales sont un véritable fléau. Quelles peuvent-être les pistes de réflexion à engager en milieu éducatif pour lutter contre ce problème ?
Morgane Verviers : « Ce qui est sûr, c’est que, que ce soit en Polynésie, ou au niveau national, la question des violences intrafamiliales est un sujet qui devient préoccupant, parce qu’il y a des alertes, un nombre de signalements en hausse, quels que soient les rapports. Et donc, forcément, ça met le zoom sur les acteurs de l’éducation qui sont en première ligne pour essayer de repérer, de prévenir et pour pouvoir essayer d’agir ».
TNTV : Vous avez déjà fait le tour de quelques établissements scolaires, vous les avez rencontrés, ces personnels éducatifs, qu’est-ce qu’ils vous disent ?
Morgane Verviers : « Ça que j’ai pu constater, c’est que ce sont des personnels, des collègues qui sont engagés au quotidien, malgré les freins, malgré les difficultés, malgré, effectivement, ces défis qui sont nombreux et qui sont prégnants et qui pèsent sur l’éducation. Et pour autant, ils sont engagés à relever ces défis ensemble. Et ce qu’on a envie de faire passer comme message, évidemment, au niveau de l’UNSA éducation, c’est que, bien sûr, la question de l’école, des établissements scolaires, des universités, c’est la question de l’émancipation individuelle, collective, c’est la question de la réussite. Pour autant, pour réussir, on a besoin d’être bien dans sa tête, dans son corps. Et il y a toute une série de personnels, effectivement, qui agissent au quotidien : les infirmières, les médecins, les assistantes sociales, et qui nécessitent d’être accompagnés, formés, et puis aussi d’être en nombre suffisant ».
TNTV : La Polynésie est la première étape de votre mission. L’objectif, c’est de réaliser une cartographie de l’ensemble des territoires ultramarins…
Morgane Verviers : « Forcément, l’Outre-mer, c’est un grand tout. Et pour autant, chaque territoire est très spécifique et a ses réalités. Donc l’idée, c’est bien, effectivement, de se déplacer dans les territoires. Le prochain déplacement, ce sera en Guyane, en janvier, sur la question du désenclavement. Là, aujourd’hui, on a souhaité faire un focus sur la question de la santé. Et derrière la santé des jeunes, il y a tous ces personnels qui essayent d’agir pour pouvoir améliorer les choses. En tant qu’organisation syndicale, on est aussi derrière l’ensemble de nos collègues qui avancent au quotidien pour essayer de faire reconnaître ces défis-là ».
TNTV : l’objectif final consiste à restituer à l’État un plaidoyer pour les politiques éducatives et de jeunesse dans les territoires ultramarins. Que peut-on espérer pour la suite ?
Morgane Verviers : « La première chose qu’on espère déjà, c’est de faire en sorte qu’il y ait la lumière sur ces défis-là en termes d’éducation, en termes d’enjeux de jeunesse. Ça, c’est la première chose : imposer nos sujets dans le débat public. La deuxième chose, c’est de mettre la lumière sur les personnels qui agissent au quotidien et qui arrivent à faire en sorte que ça avance. Et évidemment, demander des moyens, parce qu’on le sait bien, que ce soit au niveau de la Polynésie ou au niveau national, il y a un enjeu autour de la baisse démographique. Nous, ce qu’on porte, c’est que dans les négociations, le dialogue de gestion qui est en train de s’ouvrir, on ait des moyens qui reconnaissent les spécificités et les réalités de ces territoires et puis qui, de toute façon, améliorent les conditions de travail de nos collègues ».