TNTV : Avez-vous le sentiment que les nouvelles générations comprennent le sens de cette fête aujourd’hui ?
Monseigneur Jean-Pierre Cottanceau, archevêque de Papeete : « Je ne sais pas s’ils comprennent le sens, parce que c’est un cheminement de méditation qui permet de comprendre ce que nous célébrons le 15 août. Mais je pense que dès qu’il s’agit d’espérance, quand il s’agit de vie éternelle, quand il s’agit de voir un objectif dans sa vie, je crois que les jeunes accrochent. Parce que la difficulté pour eux, c’est de savoir vers où ils vont et quel est le terme de leur parcours sur la Terre » .
TNTV : Selon vous, comment attirer les jeunes dans la religion aujourd’hui ?
J-P. C : « Je crois que l’important, c’est de leur montrer quels sont les enjeux. Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Un appel à bien comprendre quel est le sens de l’existence. Quel est le plan que Dieu a sur l’humanité ? Quel est le plan que Dieu a sur les jeunes ? Qu’est-ce qu’il demande pour eux ? Pourquoi il les a mis sur la Terre ? Je pense que c’est une question importante. Comment arriver à accomplir le plan que Dieu a prévu afin que nous puissions trouver un chemin qui nous permet de nous réaliser, qui permet aux jeunes de se réaliser, de grandir et de s’épanouir » .
TNTV : Comme on l’a vu dans ces rassemblements, c’est aussi l’occasion de faire de la prévention. Il a été question de l’ice ce matin. Comment l’Église peut-elle permettre de lutter contre cette drogue ?
J-P. C : « Je pense que le problème, que ce soit pour l’ice ou pour les autres drogues, c’est de savoir pourquoi les jeunes ont recours à ces pratiques. Et souvent, s’il y a un recours à ces pratiques, c’est parce qu’il y a un vide. Il y a quelque chose qui manque dans leur vie. Et qu’ils ne trouvent pas forcément là où ils devraient le trouver. Et donc, dans ces drogues, ils vont chercher quelque chose qui va remplir une sorte de vide qu’il y a à l’intérieur d’eux-mêmes » .
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TNTV : Est-ce que l’Église peut combler ce vide, justement ?
J-P. C : « Justement, c’est là que prend tout son sens l’annonce de Jésus-Christ (…). Souvent, le chemin que propose le Christ n’est pas tellement celui de la société. C’est un chemin qui invite à l’humanité, qui invite au respect, qui invite au respect de la vie, au respect de l’autre, qui invite au don de soi, qui nous dit qu’aimer, c’est donner. Aimer, c’est pas prendre (…). Et dire aux jeunes, voilà, qu’est-ce que vous êtes prêts à donner pour que votre vie soit plus belle ? » .
TNTV : Tous les 25 ans, l’Église catholique organise un jubilé pour raviver la foi des fidèles. Un voyage de l’Église est prévu le mois prochain à Rome.
J-P. C : « Bien d’abord, nous allons vivre une expérience ensemble. Il y aura 14 prêtres, un diacre et puis un prêtre qui viendra des Marquises. C’est de vivre ensemble une expérience forte, où on la vit ensemble. On ira à Rome pour faire une expérience d’universalité de l’Église (…). Ça, c’est une expérience importante pour nous permettre de ne pas nous enfermer dans notre île de Tahiti (…) » .
TNTV : Le 8 août dernier, le Cesec a rendu un avis défavorable à la loi votée à l’Assemblée nationale sur l’aide à mourir. La religion a pesé sur ce choix. Pourquoi l’Église est-elle contre cette aide à mourir ?
J-P. C : « Il faut rectifier le terme. L’Église n’est pas contre l’aide à mourir. Le problème, ce n’est pas d’aider à mourir, c’est comment on va aider à mourir. Et l’Église s’oppose à la solution qui consisterait à dire que quand on est dans une difficulté, on va précipiter la mort et on va permettre aux gens de se donner eux-mêmes la mort. Ce qui est contraire à tout l’esprit de fraternité qui doit nous unir avec les gens qui souffrent. Et je voudrais prendre le témoignage de l’aide au suicide. Je pense qu’il y a là une grande contradiction. L’État interdit le suicide. Et deuxièmement, on a des tas de gens, même ici sur Tahiti, qui militent pour accompagner les gens qui souffrent et qui veulent mettre fin à leur vie. Au lieu de leur dire, ‘vous voulez mourir ? Très bien, allez-y’. Non, ici, dans ce cas-là, on va tout faire pour les faire se raccrocher à la vie. Dans le cas qui nous intéresse et que vous venez de citer, c’est un peu comment on va aider les gens dans leur souffrance. Comment on va les aider à travers les soins palliatifs. Et d’ailleurs, le Cesec a bien prononcé son avis en faveur des lois pour les soins palliatifs, en demandant qu’ils soient davantage mis en œuvre sur Papeete et dans les îles. C’est là qu’on peut aider. Et c’est le fait de pouvoir accompagner, d’être présent auprès de ceux qui souffrent. Et leur dire, on est avec toi. Essayer de faire en sorte qu’au-delà de la souffrance, ils se sentent accompagnés. Et que même s’ils deviennent grabataires (…) ce n’est pas ça qui dévalue leur dignité. La dignité de la personne est inviolable. Et proposer à quelqu’un de le faire mourir, c’est profaner la dignité de cette personne » .