« Notre belle Polynésie est gangrénée » : à Papeete, 6500 personnes marchent contre l’ice

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Selon les forces de l'ordre, 6500 personnes se sont rassemblées ce samedi dans les rues de Papeete pour une grande marche contre l'ice, dont la consommation "gangrène" la Polynésie française depuis deux décennies.

Initiée par la Fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie, la manifestation a été également été suivie dans les archipels, notamment les Marquises et les Raromatai, où des marches ont été organisées simultanément.

Diverses associations et confessions religieuses, des anonymes, et quelques élus, se sont joint à l’imposant cortège citoyen, a constaté un correspondant de l’AFP. 

« On souhaite que la population prenne conscience de l’ampleur de ce fléau et alerter les autorités. Le problème de l’ice a plus de 20 ans. À l’époque, on n’a rien fait et, aujourd’hui, on voit le résultat sur le terrain » , a déclaré à l’AFP la présidente de la Fédération, Kathy Gaudot.

Très addictive, l’ice est réputée pour stimuler la concentration, retarder le sommeil ou renforcer les performances sexuelles, mais elle a des effets destructeurs sur le corps et la santé mentale.

Charles Renvoyé, membre actif de la Fédération et ancien consommateur, a dit être « appelé tous les jours » par des familles confrontées à l’addiction d’un proche. Ce mardi, il s’était rendu au chevet d’un jeune consommateur de 19 ans, admis en réanimation après une tentative de suicide. Celui-ci en était sorti deux jours plus tard.

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« Ce matin, je suis encore allé voir une personne qui a arrêté il y a trois semaines. Elle est en pleine descente et elle explose. On parle de ceux qui sont addicts, mais on oublie les familles qui souffrent (…) Notre belle Polynésie est gangrénée« , a-t-il déploré.

« On dit même qu’il neige à Tahiti tellement il y en a ! » , a abondé Kathy Gaudot, qui souhaite que les autorités, au niveau local comme national, mènent des « actions concrètes » pour endiguer le phénomène.

Elle a notamment appelé de ses vœux des moyens supplémentaires « pour la surveillance maritime » et le « service des douanes » , mais aussi des réponses médicales. « Un centre de désintoxication est une véritable priorité aujourd’hui. La situation est dramatique. Toutes les classes sociales sont concernées, même les personnes bien insérées » , a-t-elle indiqué.

Selon la responsable, la Polynésie compterait quelque « 30 000 consommateurs » pour une population d’environ 280 000 habitants. « De ce que l’on voit sur le terrain, on est même au-delà » , a-t-elle estimé.

La procureure de la République à Papeete, Solène Belaouar, a toutefois dit à l’AFP ne disposer « d’aucun indicateur » lui permettant de confirmer ce chiffre. « Mais la consommation d’ice figure en toile de fond de nombre d’affaires pénales » , a-t-elle souligné.

Depuis le début de l’année, 265 kilos de méthamphétamine ont été saisis sur le territoire, selon la magistrate, dont 181 à bord d’un voilier intercepté dans l’archipel des îles Marquises en juillet. La drogue n’était cependant pas destinée au marché polynésien.

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