Mereana Reid-Arbelot demande des réponses « structurelles » à la grève des contrôleurs aériens

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La députée de Polynésie française a alerté le gouvernement, ce mercredi lors des QAG à l’Assemblée nationale, sur la situation du contrôle aérien de l’aéroport international de Tahiti-Faa’a, où une grève de contrôleurs se poursuit depuis une vingtaine de jours. Elle demande des réponses « structurelles », notamment le « reclassement en liste 5 (…) dans une trajectoire progressive et réaliste ». Précisions de nos partenaires d'Outremers360°.

« Depuis votre nomination en décembre 2024, je vous alerte sur la situation problématique du Centre de contrôle aérien de Tahiti-Faa’a, qui gère le plus vaste espace aérien français et un des plus grands au monde, près de 12,3 millions de kilomètres carrés, au cœur de la zone indopacifique, en interface direct avec les États-Unis sur 4 000 kilomètres, la Nouvelle-Zélande et le Chili », a rappelé la députée Mereana Reid-Arbelot, qui fut, avant d’être élue, contrôleur aérien. 

« Unique par son étendue, son environnement international et ses contraintes opérationnelles » ; « outil stratégique de souveraineté, de sécurité aérienne et de continuité territoriale » ; « poumon de la Polynésie française » ; le centre de contrôle aérien de Tahiti-Faa’a est toutefois « fragilisé par un sous-effectif et par une organisation de travail issue d’une lecture strictement hexagonale des textes inadaptée aux réalités du terrain » , a-t-elle ajouté.

 

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« Il en découle des fermetures quotidiennes de secteurs de contrôle à des heures sensibles et des difficultés dans la formation des contrôleurs stagiaires, ce qui hypothèque l’avenir même du Centre », où une partie des contrôleurs est en grève depuis une vingtaine de jours. « Les revendications syndicales ne sont pas salariales, mais structurelles » a assuré la députée, qui estime « incontournable » le reclassement du centre de contrôle « en liste 5 ». « Mais chacun sait qu’il ne peut être immédiat. Il doit s’inscrire dans une trajectoire progressive et réaliste »

« Le classement en liste des organismes de contrôle de la circulation aérienne est établi, par arrêté du ministre chargé des transports, en fonction de la nature des qualifications de contrôle adaptées, en particulier, à la complexité du dispositif de circulation aérienne et au volume du trafic aérien traité par l’organisme » indique un décret du 8 juillet 2024 fixant les modalités de classement en liste des organismes de contrôle de la circulation aérienne. 

Actuellement, le centre de contrôle de Tahiti-Faa’a est en liste 6, avec celui de Cayenne, Lille, Beauvais ou encore Rennes. Les autres aéroports ultramarins sont classés en liste 7, 8 ou 9 ; tandis que les autres centres des principaux aérodromes insulaires polynésiens (Bora Bora, Moorea, Raiatea), sont en liste 10 ou 11. « Les modifications de classement liées à l’évolution de la complexité du dispositif de circulation aérienne, et à l’évolution du trafic aérien (…) sont effectuées par arrêté du ministre chargé des transports », précise le décret. 

Soulignant une « urgence », la députée polynésienne a également appelé à « garantir la continuité du service public, relancer la formation et éviter les fermetures de secteur », en mettant en place une « solution technique », à savoir, « l’option 1 du protocole (social lié aux personnels de la DGAC, ndlr), déjà appliquée dans tous les centres et beaucoup ce centre d’approches, même en Outre-mer ». « Ce n’est pas un sujet que vous découvrez, ni la technicité de la question, ni l’instabilité institutionnelle ne sauraient justifier votre inertie » , a-t-elle dénoncé.

Lors d’une réunion, vendredi dernier, entre le syndicat Usac-CGT et la DGAC pour trouver une issue au mouvement social, cette dernière avait proposé de faire intervenir l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) et reprendre la formation des stagiaires contrôleurs pour résorber le sous-effectif. Des propositions saluées par le ministre des Transports Philippe Tabarot, mais qui ont été refusées par la CGT. « Pas de réunion stérile, pas d’audit inutile, mais des réponses concrètes » a par ailleurs sommé la députée. 

Lire aussi – Grève des contrôleurs aériens : toujours pas d’accord entre la DGAC et la CGT

« C’est la solution la plus rapide pour répondre aux tensions sur les effectifs » a répondu le ministre, qui rappelle que « la DGAC agit depuis plusieurs mois : renforts en RH, affectation supplémentaire et accompagnement des équipes locales ». Philippe Tabarot a aussi promis « une réforme d’ampleur » du contrôle aérien français qui garantirai « des conditions de travail soutenables, mais aussi l’effectivité des missions, l’amélioration de la performance et surtout la sécurité ». 

« Je compte sur la poursuite du dialogue constructif pour trouver des solutions durables, bien sûr à Tahiti, mais comme sur l’ensemble du territoire national » a conclu le ministre. « La France ne peut pas continuer à regarder s’affaiblir l’un de ses centres de contrôle les plus stratégiques et laisser installer l’idée aux yeux de ses voisins qu’elle renonce à assumer pleinement ses responsabilités dans l’Indopacifique » a rétorqué, peu convaincue, la députée de Polynésie. 

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