L’État serait-il défaillant dans la lutte contre le trafic de drogue en Polynésie comme l’a laissé entendre le président du pays en direct sur notre plateau samedi dernier ? Interrogé, le secrétaire général au haut-commissariat Xavier Marotel, ne souhaite pas entrer dans une polémique. Il préfère rappeler les moyens engagés par l’État pour lutter contre le fléau. « L’État, il est au rendez-vous, il met des moyens, qu’ils soient humains ou matériels, qui sont très importants. Et d’ailleurs, ça paie en termes de résultats. C’est reconnu par nos partenaires étrangers, que ce soit les Américains et les Australiens avec qui on a une coopération nationale très importante et qui nous permettent de perturber notamment la route du narco trafique entre le continent américain et la zone Australie Nouvelle-Zélande. »
23 kg d’ice saisis l’an dernier
Une coopération internationale qui a permis la saisie de 2.4 tonnes de cocaïnes transitant en Polynésie sur les 12 derniers mois. Soit trois fois plus que les saisis opérés depuis 2019. Deux facteurs à ces saisies record : l’augmentation de la production de drogue dans les pays sud-américains et des moyens de lutte engagés par l’État. Concernant les drogues destinées au marché polynésien, si la cocaïne est très peu présente sur notre territoire, 23 kilos d’ice ont été saisis l’an dernier. Comme le paka, la méthamphétamine est devenue monnaie courante lors des contrôles de routine des forces de l’ordre. Pour lutter contre ce trafic, l’État dispose aujourd’hui de 440 gendarmes, près de 370 policiers et de 130 agents des douanes. Des moyens humains déployés sur terre comme en mer… « Il y a tout un travail d’enquête qui mobilise l’ensemble des unités qu’elles soient au sein de la gendarmerie ou de la police. Et puis on a un office spécialisé depuis 2022, l’Ofast, qui vient travailler notamment en matière de renseignements criminels sur les faits les plus graves. Tout ça, ça porte ses fruits. »
Un détenu sur trois lié à des infractions sur les stupéfiants
Des moyens humains aussi engagés côté justice. Une justice vigilante et sévère à l’égard des trafiquants et des consommateurs selon la Procureure de la république Solène Belaouar. « On évalue à peu près que dans la population pénitentiaire, il y a un tiers des détenus qui ont un lien avec les infractions à la législation sur les stupéfiants. Je rappelle qu’on est dans une situation de surpopulation carcérale sur tout le territoire et que, dans les établissements pénitentiaires, il faut aussi mettre les conjoints violents, les criminels, les violeurs d’enfants… Donc, on a un tiers des places occupées par les infractions à la législation sur les stupéfiants. C’est plus que significatif. C’est beaucoup. »
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Si la réponse pénale est suffisante, elle est toutefois limitée selon la Procureure… qui pointe du doigt le suivi sanitaire difficile des détenus à la sortie de prison. Une compétence qui relève du Pays. « Aujourd’hui, au niveau du parquet, nous ne pouvons pas recourir à l’injonction thérapeutique qui existe dans le Code de procédure pénale et dans le Code pénal, mais qu’on ne peut pas mettre en œuvre sur le territoire parce qu’on n’a pas les médecins suffisants avec lesquels faire des partenariats. Le Centre qui s’occupe des addictions, lui-même, appelle à un renforcement. On n’a pas assez de médecins psychiatres, pas assez de médecins addictologues, donc quand on prononce ou quand le Parquet demande une obligation de soins, derrière, il faut que cette obligation de soins soit une réalité. »
L’État qui rappelle enfin que le combat contre le trafic de drogue est tel en Polynésie qu’il faut une coopération constructive avec le Pays.