Le Pays et la justice unis face aux violences faites aux femmes, des chiffres inédits dévoilés

Publié le

En Polynésie, chaque jour au moins une femme est entendue par les forces de l’ordre pour des faits de violence. Cela représente près de dix procédures par semaine. Des chiffres alarmants, recueillis pour la première fois directement auprès du Tribunal par l’observatoire des violences faites aux femmes et intrafamiliales, fruit de la coopération entre les services du pays et du palais de justice de Papeete.

C’est une première : le Pays et le tribunal font cause commune contre les violences faites aux femmes et intrafamiliales. Après plusieurs mois d’échanges, le constat est sans appel : entre août 2024 et septembre 2025, 496 femmes ont été entendues pour des faits de violence à leur encontre. Soit un peu plus de 10 affaires par semaine. Des chiffres judiciaires et plus simplement déclaratifs, mais compilés et analysés pour la première fois.

« Nous avons étudié la Cour d’Assises en Polynésie française sur une durée de sept années, ce qui est aussi tout à fait inédit et exceptionnel, explique la première présidente de la cour d’appel de Papeete, Gwenola Joly-Coz. Le résultat, c’est que la Cour d’Assises de Papeete a dû juger 18 faits criminels. Les 18 cadavres sont directement liés aux violences conjugales. Il s’agit de meurtres et d’assassinats commis au sein des familles. On le sait, les femmes ne sont pas tuées dans l’espace public. Elles le sont dans leur maison. »

Des données inédites donc, qui vont désormais alimenter les travaux du gouvernement et du haut-commissariat pour adapter les politiques publiques et renforcer la prévention. « La première chose que j’ai mise en place, c’est le plan de dignité humaine dans lequel je travaille des actions concernant les familles. Nous avons mis en place aussi des camps de familles, suivies 116 familles et sur 2026 on va les suivre pendant un an jusqu’à ce qu’on voie des résultats parce que c’est bien d’avoir des chiffres, mais il faut avoir aussi des actions concrètes sur le terrain », déclare Minarii Galenon-Taupua, Vice-présidente et ministre des Solidarités.

Une étude expérimentale qui servira aussi de modèle pour la métropole. On apprend en matière de peine que seul 1% des condamnations dépassent les 5 ans de prison. 48% vont de 1 à 5 ans et la moitié sont inférieures à 1 an de détention.

Des peines parfois légères, mais un travail de fond engagé pour mieux protéger les victimes et responsabiliser les auteurs. « Mieux connaitre pour mieux juger, c’est important pour les magistrats, souligne Gwenola Joly-Coz. Mieux connaitre l’activité judiciaire, se rendre compte des statistiques et de l’importance de ce phénomène dans nos prétoires, cela nous aide à réfléchir aux peines, aux sanctions et la meilleure prévention de la récidive, car nous l’avons dévoilé dans cet observatoire, il s’agit d’une récidive à hauteur de 30% dans les violences faites aux femmes en Polynésie française. »

La vice-présidente du Pays a par ailleurs annoncé la création d’un “Conseil des hommes bienveillants”, dès le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. Une nouvelle instance pour compléter le Conseil des femmes qui existe depuis 1987.

Dernières news

A lire aussi

Activer le son Couper le son