Le Fonds pour l’insertion des travailleurs handicapés enfin activé

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    Créé en 2007 par une loi du Pays mais jamais appliqué faute d'arrêté, le Fonds pour l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés est enfin activé depuis le 12 septembre dernier. Une avancée majeure pour les 7 000 Polynésiens reconnus travailleurs handicapés, dont moins de 2 000 seulement ont aujourd'hui un emploi. Ce dispositif permettra d'accéder à des équipements adaptés et à des formations, longtemps attendus.

    Dix-huit ans d’attente, de promesses et d’incompréhensions. Le Fonds pour l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés, instauré en 2007, n’avait jusqu’ici jamais pu être utilisé. Son activation marque un tournant pour de nombreuses familles et associations engagées.

    Henriette Kamia, figure de la cause du handicap au fenua, ne cache pas son émotion. « Vous vous rendez compte, c’est merveilleux, c’est un plaisir vraiment, une joie profonde pour nous tous. Il nous faut des matériels adaptés à notre handicap afin qu’on puisse compenser notre handicap. Ça peut être des fauteuils ergonomiques, ils ne sont pas donnés, » se réjouit-elle.

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    Selon les chiffres officiels, 22 000 personnes en situation de handicap sont actuellement recensées en Polynésie française. Parmi elles, 16 000 sont suivies par l’administration, mais seules 2 000 environ exercent une activité professionnelle. Une situation qui pourrait évoluer rapidement : 613 millions de francs CFP avaient été accumulés dans ce fonds depuis 2007, faute d’utilisation.

    La ministre du Travail, Vannina Crolas confirme que cette somme pourra enfin être mobilisée : « Ce fonds a cumulé, faute d’utilisation, 613 millions par la participation financière des entreprises et des administrations aussi, qui n’ont pas respecté le taux d’obligation d’emploi de travailleurs handicapés. On peut enfin utiliser ce fonds pour d’autres choses, notamment pour l’adaptation des postes de travail, pour également la formation des travailleurs handicapés. »

    Car la loi est claire : les entreprises de 25 à 50 salariés doivent employer au moins une personne porteuse de handicap. Au-delà, ce quota s’élève à 2 % de l’effectif total.

    Dans le secteur privé, certains employeurs n’ont pas attendu l’application du Fonds pour agir. Employé de banque, Florian Chauvaud bénéficie déjà d’un poste aménagé. « Pour des douleurs chroniques, du principalement à un travail sédentaire et à une vieille blessure. En fait, la position assise sans avoir un équipement adapté crée forcément des douleurs. J’ai pu bénéficier d’un équipement adapté de façon à pouvoir soulager un petit peu tous ces maux-là. Principalement au niveau du siège, avec une têtière adaptée, des accoudoirs et la possibilité de se balancer en arrière pour pouvoir alléger un petit peu les douleurs dorsales. Et potentiellement arriver d’une souris ergonomique aussi, » raconte Florian.

    Son directeur général, Andre Alves da Silva, témoigne d’une démarche plus large dans son entreprise : »J’ai quelqu’un dans ma famille qui est en situation de handicap, ce qui fait que je suis déjà sensibilisé au sujet. Je ne vis pas ça comme un problème, mais ça m’aide à réfléchir à comment alléger le quotidien des personnes qui ont ce type de situation. On a fait un travail de sensibilisation de nos équipes et on a été accompagné par la fédération qui gère les associations des handicapés. Donc là on a mis une série de mesures qui peut aller de l’aménagement immobilier, qui peut aussi faire des congés supplémentaires pour des rendez-vous médicaux, des places de parking. Donc on a voulu étendre ça aussi au cercle familial, aux enfants. Donc avec des jours de congés supplémentaires pour nos collaborateurs qui ont des enfants en situation de handicap et des aménagements d’horaires de travail.« 

    L’entrée en vigueur du Fonds ouvre enfin une nouvelle ère pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap en Polynésie. Reste désormais à veiller à sa mise en oeuvre concrète : formation des employeurs, simplification des démarches et contrôle de l’utilisation des fonds.

    Mais au-delà du travail, l’enjeu de l’autonomie financière reste entier. Comme le rappellent les associations, les personnes en situation de handicap rencontrent encore d’importants obstacles pour accéder à un prêt.

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