Le CESEC dit non à l’aide à mourir, mais oui au renforcement des soins palliatifs

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    Ce matin, les membres du CESEC, le Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel, ont rendu leur avis sur deux textes de loi adoptés à l’Assemblée nationale le 27 mai 2025. Si les opinions divergent sur le droit à mourir, un consensus émerge : le sujet est sociétal, plus que politique.

    C’est un débat sensible, aux enjeux humains profonds, qui a animé les discussions ce jeudi au CESEC. Les membres de l’institution consultative ont rendu leur avis sur l’extension, à la Polynésie française de deux lois sur la fin de vie, adoptées fin mai à l’Assemblée nationale.

    Résultat : avis défavorable à l’aide à mourir, mais consensus sur la nécessité de renforcer l’égalité d’accès aux soins et les soins palliatifs.

    Cette décision intervient après une consultation en ligne sur le droit à mourir, à laquelle plus de 83 % des 700 personnes interrogées s’étaient déclarées favorables. Mais pour le CESEC, ce résultat ne suffit pas. « La question qui a été posée en France hexagonale n’a pas la même connotation en Polynésie française. La formulation de la question est : “êtes-vous d’accord pour l’aide à mourir ?”. Lorsqu’on vous dit “êtes-vous d’accord pour une aide à mourir”, forcément vous allez dire oui. Mais lorsqu’on vous dit, “est-ce que vous êtes d’accord pour mourir” , peut-être que la réponse aurait été autre. C’est pour cela que nous avons considéré que, au-delà d’une consultation, il fallait un vrai débat », explique Patrick Galenon, rapporteur du projet.

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    Le CESEC, comme les députés du fenua – qui s’étaient abstenus lors des votes – souligne que la loi votée à Paris ne prend pas suffisamment en compte les réalités culturelles, religieuses et sociales du Pays. Il appelle, lui aussi, à une large concertation impliquant citoyens, élus, soignants, familles, associations et autorités religieuses.

    Mais tous les membres ne partagent pas cette position. Diana Yieng Kow, favorable à la légalisation de l’aide à mourir, déplore un débat qu’elle juge biaisé. « Je disais en séance que c’était très hypocrite, parce que la sédation progressive c’est aussi une forme de droit à mourir déguisée, et pour moi les soins palliatifs et le droit à mourir doivent être liés. Je suis plutôt favorable à ces deux lois », assure-t-elle.

    La distinction entre sédation profonde et injection létale a pesé lourd dans la décision finale. Comme l’explique Maiana Bambridge, également membre de la commission. « Le soin palliatif, la sédation profonde, tu t’endors. Le droit à mourir, on te donne tout de suite une dose léthale qui te fait partir immédiatement. C’est la différence. Ça a été vraiment quelque chose de déterminant pour les membres de la commission pour dire : il existe un moyen de ne pas souffrir ou de ne plus souffrir » , explique-t-elle.

    Sur un point au moins, les avis convergent : l’accès aux soins palliatifs reste très insuffisant, notamment dans les îles. Le CESEC appelle à un renforcement urgent des moyens, humains comme matériels, pour garantir à chacun une fin de vie digne, sans douleur.

    L’avis défavorable à l’aide à mourir a été adopté à 30 voix contre 14. Le dossier est désormais entre les mains de l’Assemblée de Polynésie française, où les premières discussions en commission ont déjà donné lieu à des échanges très vifs.

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