La Polynésie face aux cybermenaces : “Nous ne sommes pas intouchables”

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Invité du journal de TNTV hier soir, Bertrand Hersent, président du Clusir Tahiti, est venu présenter le 2ᵉ forum polynésien de la cybersécurité. L’événement se tiendra du 16 au 18 octobre sous le chapiteau de la présidence et rassemblera les acteurs du numérique et de la sécurité informatique autour d’un objectif commun : sensibiliser et protéger la Polynésie contre les cyberattaques.

TNTV : Bertrand Hersent, bonsoir. Merci d’être présent ce soir. Vous êtes le président du CLUSIR (Club de la Sécurité de l’Information Régional) Tahiti, qui organise donc cet événement. Tout d’abord, un mot sur la cybersécurité en Polynésie. Est-ce qu’on est plus épargné que d’autres pays, étant loin de tout, une petite île isolée ?
Bertrand Hersent : « Justement, on pourrait se croire protégé par cet isolement géographique. Néanmoins, Internet nous relie tous. Et aussi loin soit elle, la distance est totalement réduite avec les accès à Internet. Donc nous ne sommes pas intouchables. »

TNTV : Quels sont les types d’attaques les plus fréquentes que l’on peut constater en Polynésie ?
Bertrand Hersent : « La plupart des attaques, ce sont des tentatives de phishing, c’est-à-dire de faux messages destinés à capter vos informations, que ce soit par SMS. Dernièrement, il y a eu des messages du type “vous avez un colis en attente” ou par courriel, dont l’objectif est de récupérer les informations de vos comptes e-mail ou bancaires. »

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TNTV : Peut-on les quantifier, ces attaques, en Polynésie ? Est-ce un chiffre qui évolue ?
Bertrand Hersent : « On ne peut pas forcément quantifier ce type d’attaques de phishing. Par contre, on peut quantifier les volumes d’actions signalées aux autorités. Par exemple, au niveau de la gendarmerie, environ 450 événements en 2024 qui ont été enregistrés, dont 80 cas de cyberharcèlement et une dizaine touchant directement des structures — entreprises ou autres. »

TNTV : Il y a aussi les attaques qui ne sont pas déclarées, j’imagine, auprès de la gendarmerie ?
Bertrand Hersent : « Il faut savoir comment effectuer les signalements auprès des autorités, et parfois, certaines structures hésitent par honte. Une société peut avoir honte de s’être fait attaquer. Comme on le dit souvent, ce n’est pas “est-ce que ça va nous arriver ?”, mais “quand”. Il ne faut donc pas avoir honte de suivre les actions en cas d’incident. »

TNTV : Et pour se prémunir des cyberattaques, il y a donc ce forum du 16 au 18 octobre à la présidence. L’idée de ce forum, c’est quoi concrètement ?
Bertrand Hersent : « Concrètement, c’est de rassembler et de favoriser les échanges entre professionnels. Le jeudi et le vendredi seront plutôt destinés aux professionnels, et le samedi matin sera axé sur les particuliers. Néanmoins, tout le monde est accepté sur l’ensemble des trois jours. Il y aura des prestataires, mais aussi des représentants d’entreprises publiques ou privées, qui viendront exposer et échanger avec le public. »

TNTV : C’est-à-dire qu’on peut venir, tout un chacun, sur place pour se renseigner ?
Bertrand Hersent : « Effectivement, que ce soit pour une découverte ou une sensibilisation plus avancée à ce niveau-là. »

TNTV : Et il y aura, j’imagine, aussi des tables rondes et des conférences ?
Bertrand Hersent : « Effectivement, il y aura quatre zones d’activités : les conférences principales, les conférences secondaires, des ateliers ludiques, et une partie “stands” où des membres du CLUSIR seront présents pour présenter leurs services ou échanger. »

TNTV : On parle également de développer la filière. A-t-on justement assez de ressources en Polynésie dans le secteur de la cybersécurité ?
Bertrand Hersent : « Aujourd’hui, il y a de plus en plus de professionnels, mais il reste difficile de trouver des profils d’ingénieurs. Ces postes demandent des compétences très poussées et très spécifiques. »

TNTV : Quels sont concrètement les besoins en Polynésie ?
Bertrand Hersent : « Nous avons des compétences intermédiaires pour les activités courantes, mais lorsqu’il faut mener des expertises avancées après une cyberattaque, il manque clairement des ingénieurs spécialisés en local. »

TNTV : Et l’idée, c’est quoi ? Mettre en place des formations, des écoles spécialisées ?
Bertrand Hersent : « Effectivement, il faut monter en compétences via la formation. Créer des écoles serait plus complexe, car la demande locale n’est pas encore suffisante pour absorber toutes les nouvelles ressources. Certains Polynésiens partent donc se former en métropole, et notre souhait, c’est qu’ils reviennent ensuite. Il y a du travail, de la demande, aucun problème à ce niveau-là. »

TNTV : Et ce forum, vous l’avez dit, est donc tout public et gratuit ?
Bertrand Hersent : « Oui, tout public et entièrement gratuit, de 8h à 17h du jeudi au vendredi, et de 8h à 13h le samedi. Il y aura des conférences très variées sur le numérique, l’intelligence artificielle, et bien d’autres thématiques. »

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