Quelques mois à peine après la noyade d’une touriste à Temae, les chiens de Moorea font de nouveau parler d’eux, pour le pire.
Dimanche 21 septembre, vers 13 heures, Isabelle, son mari et des amis participent à une excursion organisée au large de Moorea, près du motu de Coco Beach. En voyage au fenua depuis le début du mois, le couple avait déjà visité les Marquises avant de poser ses valises sur l’île sœur. Ce jour-là, le programme prévoyait du snorkeling et un déjeuner sur des tables installées dans le lagon.
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Alors que chacun profite d’un temps libre, Isabelle s’avance tranquillement dans l’eau pour observer les poissons. C’est là que trois chiens surgis du motu l’attaquent. « Je marchais dans l’eau, à 5 ou 6 mètres du bord, quand les chiens sont sortis en furie du motu et se sont jetés sur moi. Je n’ai même pas eu le temps de réagir » , raconte-t-elle.
« Ne pas intervenir, c’est honteux »
L’attaque dure de longues minutes, sans que personne ne puisse intervenir. Ses amis et son mari sont trop loin. « J’ai crié au secours, et mon amie a vu que j’étais en difficulté. Elle a appelé à l’aide vers le bateau, et les accompagnateurs sont venus en courant avec une bouée pour me ramener » . Pendant ce temps, Isabelle aperçoit la propriétaire des chiens, restée spectatrice de la scène. « Je l’ai vue, sur son bateau, sans intervenir, sans appeler ses chiens. Quand elle est venue voir, la seule chose qu’elle m’a dit, c’est qu’elle allait payer mes médicaments (…) Me voir me faire attaquer et ne pas du tout intervenir, c’est honteux » .
Passé le choc de l’attaque, l’heure est au constat, et surtout aux soins. Car les blessures sont graves : 90 plaies – dont une d’une dizaine de centimètre de profondeur au poignet – sur les bras, les jambes, les fesses, des hématomes profonds et des ecchymoses. Deux infirmières et les pompiers de la commune la prennent en charge, la suturent et la transportent jusqu’au CHPF, où elle doit passer la nuit avant de se faire opérer. Le certificat médical fait état d’une 30 jours d’ITT minimum.
« L’opération a duré trois heures (…). J’ai les doigts de ma main gauche qui bougent, mais j’ai du mal à serrer. Elle est toujours engourdie, toujours enflée » , décrit-elle.



Malgré les blessures, Isabelle décide de poursuivre son séjour en Polynésie, comme prévu depuis un an. « Je ne voulais pas rester sur cette note négative de la Polynésie. L’hôtel a Moorea a été très arrangeant, une infirmière est venue faire mes pansements. Mais c’est resté à nos frais » , soupire-t-elle.
« Je vais certainement craquer »
Si certaines marques devraient finir par s’effacer de la surface de son corps, elle craint que celles sur sa psyché ne demeurent profondes. Le retour en métropole, reporté suite à l’attaque, est prévu pour mercredi matin. « Physiquement, ça va parce que je prends sur moi. J’ai beaucoup de cicatrices. Je ne sais pas comment je vais le vivre dans le temps. Pour l’instant, je fais face, je n’ai pas craqué. Mais quand je vais retourner en France, je vais certainement craquer. Je vais certainement me faire accompagner psychologiquement et même esthétiquement parce que je pense que je vais avoir des traces » , appréhende-t-elle.
Isabelle a déposé plainte à la gendarmerie de Moorea, et compte demander des dommages et intérêts. Au fil des jours, elle prend conscience de la récurrence des attaques de chiens au fenua. « À l’hôpital, les infirmières m’ont dit qu’il y avait déjà eu des morts (…). Les gens ne peuvent même pas sortir, se promener tranquillement, ou faire du footing sans être agressés par un chien. Si c’est pour venir en tant que touriste et rester dans l’enceinte des hôtels, je ne vois pas l’intérêt de venir en Polynésie » , conclut-t-elle.