Tik-Tok est-il dangereux pour la santé mentale des mineurs ? Selon le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale il n’y a pas l’ombre d’un doute.

Un constat sans ambiguïté, fruit de 6 mois de travaux et 178 auditions, explicité dans deux documents disponibles sur le site de l’Assemblée nationale. Une enquête qui permet surtout de mettre en exergue le rôle de ses algorithmes. Pour la commission d’enquête, l’algorithme de TikTok est « un mécanisme qui broie ».
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L’application compte plus d’un milliard d’utilisateurs sur la planète. Et ses effets néfastes se font sentir aussi sur la jeunesse polynésienne.
« L’étude confirme ce que l’on avait déjà vu il y a une petite dizaine d’années, sur la première étude que l’on avait faite, qui confirme qu’effectivement, il y a un isolement, il y a un accès aux réseaux et aux écrans qui s’est majoré dans la population des jeunes. Et ça nous inquiète, oui, ça nous inquiète vraiment », confie Laurence Bonnac, directrice du Fare Tama Hau.
« Il y a un isolement, il y a un accès aux réseaux et aux écrans qui s’est majoré dans la population des jeunes. Et ça nous inquiète«
Harcèlement et faits de violences pullulent sur l’ensemble des réseaux sociaux. Des comportements qui poussent à l’isolement voire à des passages à l’acte désastreux : « On sait qu’on a un taux de suicide dès 15-25 ans qui est beaucoup plus élevé, quatre fois plus élevé qu’en France. Quand votre adolescent se replie sur lui-même, ne parle plus, n’a plus de copains, passe sa vie sur les réseaux, il faut s’alerter, il faut consulter. »
Car pour ces plateformes, le temps d’écran, c’est de l’argent. Ainsi, l’algorithme vous proposera des vidéos positives aux contenus vérifiés si telle est votre choix, mais il peut aussi accabler son utilisateur vers des vidéos anxiogènes, voire destructrices. Mango, influenceuse locale, en a fait les frais lors d’une rupture amoureuse : « Au début, j’en recevais beaucoup de vidéos justement assez tristes ou de personnes qui vivaient aussi des ruptures amoureuses. Et à force, plus je regardais ces vidéos et plus je tombais sur ces vidéos-là. Au fur et à mesure, vu que j’étais dans une démarche plus de vouloir aller mieux, psychologiquement, je suis tombée sur des vidéos de motivation, de reprise de confiance en soi, etc., qui m’a aidée. »
Une prise de conscience salvatrice qui n’est pas forcément le cas pour les plus jeunes. La protection des adultes vis-à-vis de ce jeune public est donc primordiale. « Les parents, je pense qu’ils devraient mettre beaucoup plus de cadre et surtout bien expliquer aux enfants. Quand on est sur les réseaux sociaux, ça ne change pas de la vraie vie. C’est-à-dire que même si tu commentes une vidéo, peut-être la personne va mal le prendre. »
Pour endiguer cette situation, une quarantaine de recommandations sont sur la table du gouvernement central. Parmi celles-ci : Interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Un couvre-feu numérique de 22 heures à 8 heures, ou encore la décroissance digitale à l’école, c’est-à-dire employer moins d’outils numériques dans les apprentissages.

Pour le ministre en charge de la jeunesse et de la prévention, Kainuu Temauri, des actions sont d’ores et déjà menées sur le fenua. « On se sert du tissu associatif qui est vraiment un acteur de proximité pour pouvoir toucher au plus près nos jeunes. Beaucoup d’associations de jeunesse qui œuvrent dans ce sens-là, à l’occasion de centres de vacances ou d’activités périscolaires, développent ces modules de sensibilisation au niveau des jeunes qui sont très efficaces. »
Des actions plus larges doivent aujourd’hui voir le jour et mobiliser l’ensemble de la société. « On peut imaginer des campagnes de communication à grande échelle pour pouvoir sensibiliser sur ces risques liés aux réseaux sociaux. Par contre, (…) il faut qu’on puisse s’assurer de toucher l’ensemble de la cellule familiale puisque c’est comme ça qu’on va pouvoir traiter le problème en termes d’hygiène de vie. »
En France, la loi du 7 juillet 2023 institue une majorité numérique à 15 ans. Toutefois, cette loi ne s’applique pas encore en raison de sa non-conformité actuelle avec le droit européen. D’après une enquête de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, la CNIL, la première inscription sur un réseau social interviendrait en moyenne vers l’âge de… 8 ans et demi.