Le périmètre d’intervention de la police et celui de la gendarmerie doivent-ils être réétudiés sur Tahiti. Le ministre Gérald Darmanin avait écarté l’idée lors de sa venue en Polynésie en 2022, alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Mais avec l’augmentation du narcotrafic et celle des violences intrafamiliales, le débat refait surface.
« Vu l’urbanisation de la zone, vu les risques aussi, et les enjeux aujourd’hui avec une jeunesse qui connaît ces dérives, même en Polynésie (…) le système policier est, je crois, bien plus adapté que le système de gendarmerie », estime Grégory Joron, le secrétaire général du syndicat Unité SGP Police
Les syndicats souhaiteraient donc que le champ d’intervention des policiers s’étende au-delà de Papeete et de Pirae pour couvrir une zone bien plus vaste qui engloberait les communes situées entre Punaauia et Mahina, autrement dit le « Grand Papeete ».
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Un périmètre qui n’est pas déterminé au hasard. La police nationale a en effet généralement vocation à couvrir les zones urbaines, là où la densité de population et l’activité économique sont les plus fortes. Mais ce redécoupage ne risque-t-il pas d’affaiblir la compétence de la gendarmerie ?
« Il ne s’agit pas d’empiéter sur les plates-bandes de nos collègues la gendarmerie nationale. Bien au contraire », assure Johan Tehihipo, le secrétaire territorial du syndicat Alliance Police nationale.
« Ce que l’on souhaite, c’est l’application toute simple des recommandations, des préconisations qui figurent dans le livre blanc de la sécurité intérieure et qui répartit les zones de compétences de la police nationale et de la gendarmerie nationale. La gendarmerie nationale concerne des zones de moins de 30 000 habitants, et la police nationale de plus de 30 000 habitants », explique-t-il.

Cette extension reviendrait à multiplier par 3 le nombre d’habitants dont les policiers devraient assurer la sécurité. D’importants moyens humains devraient donc être mobilisés.
« Rien que pour la commune de Faa’a, il faudrait à peu près une centaine d’agents pour pouvoir répondre aux besoins en matière de sécurité. Cette centaine d’agents, je tiens à le rappeler, est aujourd’hui disponible sur la métropole, puisqu’ils sont actuellement en fonction là-bas. Ils demandent simplement à revenir exercer au fenua », ajoute Johan Tehihipo.
Les estimations tablent sur un total de 250 agents supplémentaires pour couvrir les 4 communes qui seraient intégrées à la zone police. Un investissement conséquent, mais qui amènerait des résultats, selon les syndicalistes.
« Sur la commune de Pirae, depuis le passage en zone police nationale, la délinquance a baissé de 2% chaque année de manière constante. C’est-à-dire que l’action de la police nationale, là où elle se met en place, est extrêmement positive », souligne Grégory Joron.
Les syndicats de la police ont d’ores et déjà sollicité une rencontre avec le futur haut-commissaire, Alexandre Rochatte, pour exposer leurs doléances.