De Papeete à Montréal : Clara Baudouin, une jeune Polynésienne trace sa voie dans les arts du cirque

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    Originaire de Papeete, Clara Baudouin, 17 ans, a intégré l’École national de cirque de Montréal, une référence mondiale dans sa discipline. Entre entrainements physiques, éloignement familial et formation académique, la jeune artiste s’accroche à son rêve avec détermination, soutenue de près par sa famille.

    À Papeete, Clara Baudoin ne tenait pas en place. Dès l’enfance, elle grimpait partout, jusqu’à l’antenne du toit familial. “On avait beau lui dire d’arrêter, elle continuait. On a fini par démonter l’antenne”, se souvient sa grand-mère, Colette Hargous, mi-amusée, mi-inquiète.

    C’est dans cet élan physique spontané que se dessine déjà un goût profond pour le mouvement, le jeu corporel, la scène. Clara commence le Ori Tahiti à 3 ans et demi, avec Kehaulani Chanquy, directrice de la célèbre école Arato’a.

    Plus tard, c’est la découverte de la pole dance qui fait naître une véritable vocation : “je suis tombée amoureuse de ce sport qui mélange la flexibilité, la grâce, l’artistique,” confie-t-elle.

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    Une école d’élite, un départ à 16 ans

    Sélectionnée à l’École nationale de cirque de Montréal (ENC), Clara s’envole pour le Québec à seulement 16 ans. Une étape décisive rendue possible grâce à une audition vidéo préparée avec ses coachs en gymnastique et pole dance. Elle faisait alors partie des plus de 300 candidats ayant postulé cette année-là, pour à peine une trentaine de places. Une compétition féroce, à l’échelle mondiale.

    Elle intègre le programme “Cirque-Études Secondaires” qui combine formation académique et apprentissage artistique intensif. Depuis, elle poursuit son parcours en cursus collégial, où elle se spécialise en flying pole, une discipline aérienne proche de la pole dance, mais avec une barre suspendue dans les airs. “ Le mardi, je commence à 8h30 et je commence par mon cours de spécialité. Ça me met tout de suite de bonne humeur”.

    Les journées à l’ENC sont longues, rythmées par 12 à 20 heures hebdomadaires de cours physique, artistiques, techniques et théoriques. Un quotidien exigeant, mais taillé pour les futurs artistes professionnels.

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    Une mère pilier dans l’ombre

    Derrière cette aventure, il y a une mère. “Au départ, quand elle m’a parlé de son projet, je l’ai suivie, mais avec beaucoup de recul parce que je me disais que c’était un projet irréalisable pour une petite Tahitienne,” confie Hinano Lochmann.

    Le départ à Montréal a exigé une émancipation juridique, la location d’un studio, la gestion du quotidien à distance, et surtout des démarches administratives menées seule : “J’ai tout découvert sur le tas et ça c’était assez compliqué. Il a fallu qu’on fasse l’émancipation pour qu’elle puisse être complètement autonome.”

    Aujourd’hui, les appels vidéo sont devenus rituels.  “On s’appelle matin et soir.  Je veux toujours savoir si elle est en forme pour aller à l’école. Quand elle revient de sa journée, j’ai envie de savoir comment s’est passée sa journée. Elle sait que je la soutiens à 100% dans son projet.

    Mais cette aventure a un prix : “Je ne compte pas, je réduis les coûts ici pour qu’elle ait tout ce qu’il lui faut là-bas. Parce que je sais que c’est très difficile.”

    Un rêve assumé : devenir artiste de cirque… et revenir

    Clara Baudouin l’affirme sans détour : “J’ai toujours été attirée par la scène, les lumières et ces projecteurs et donner cet émerveillement au public, ça c’est un truc qui me fait kiffer.” Une passion qui l’a conduite jusqu’à Montréal où elle se forme au métier d’artiste cirque.

    Aujourd’hui, c’est sur une barre suspendue qu’elle s’exprime, et peut-être demain devant des milliers de spectateurs : “être admise au Cirque du Soleil à Las Vegas. Ça, c’est un peu mon idéal de vie

    Mais elle n’envisage pas son avenir, sans lien avec le Fenua : “Pendant les vacances, revenir à Tahiti pour voir ma famille, et à côté, être coach, prof de pole dance à la salle.” 

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