Ces dernières années, Miti* a fait appel à une société spécialisée dans les charpentes et les constructions en bois pour rénover sa maison. Mais il y a quelques jours, une malfaçon est apparue sur le toit de son garage. « En faisant le tour de la maison, d’un seul coup j’ai vu que le toit était en forme de vague, était en train de s’écrouler. Donc on avait nos voitures qui étaient en dessous, donc on a dégagé nos voitures » , raconte-t-elle.
Avec l’aide d’une planche en bois, bloquée par une échelle, elle parvient à stopper l’effondrement de son toit. Elle fait alors un signalement à la société de construction, mais la réponse est cinglante. « Il nous dit qu’il ne viendra pas et qu’il nous traitera de la même façon qu’on l’a traité, et qu’on aille se faire voir. Voilà. On n’a même pas pu dire un seul mot, il nous a raccroché au nez, on a essayé de rappeler et il n’a jamais répondu » .
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Le toit, mais aussi le deck de la terrasse sont aujourd’hui en mauvais état. Les planches, moisies, se désolidarisent de la structure par manque de protection. Montant total engagé pour ces travaux : près 3 millions de francs et un entrepreneur aux abonnés absent. Excédée, la propriétaire décide d’alerter les internautes sur les réseaux sociaux.

Et ils sont nombreux à faire de même. Témoignages, photos des dégâts à l’appui…Certains vont même jusqu’à se rendre chez l’entrepreneur pour crier leur colère. Des témoignages qui poussent plusieurs dizaines d’autres victimes à se confier en commentaire.
Une situation inextricable pour Me Miguel Grattirola, avocat au barreau de Papeete. « C’est peut-être ce qu’il y a de plus dramatique, parce que lorsque vous avez déjà payé des sommes considérables et qu’en fait vous vous retrouvez avec quelqu’un qui est insolvable, et qui dépose le bilan, il n’y a pas véritablement de recours, soupire-t-il. Lorsque vous avez un entrepreneur qui vous demande 90% du paiement au début, vous pouvez être sûr que ce n’est pas bon ça. Ça veut dire que c’est quelqu’un qui en fait n’est pas solvable au départ du chantier » .
Pour David Chauvin, architecte et expert auprès du tribunal, plusieurs problèmes subsistent dans le secteur du BTP : entrepreneurs non qualifiés, matériaux de mauvaises qualités ou encore mauvaise gestion financière. « On a des gens qui perçoivent avant de réaliser des travaux, l’utilisent pour leurs besoins personnels ou pour le besoin d’autres chantiers pour lesquels ils n’ont pas suffisamment bien chiffré les travaux, et donc ils sont à court de fonds pour les terminer. Ils utilisent les accomptes du chantier suivant pour les réaliser » , déplore-t-il.
Des solutions existent comme la mise en place de l’assurance décennale. Obligatoire en France et en Nouvelle-Calédonie, elle ne l’est pas en Polynésie française. Pour y souscrire, cette assurance impose des critères à l’entrepreneur : être qualifié, et pouvoir justifier de ses compétences ou à défaut, se mettre à niveau par des formations. Un gage de qualité qui suppose un effort collectif.
Une véritable réforme que le pays doit engager. Contacté à plusieurs reprises, le gouvernement n’a pas donné suite à nos sollicitations.
*Le prénom a été modifié