TNTV : Avant d’aborder la sécurité routière et les sujets d’actualité, un mot sur la victoire de Miss Tahiti à Miss France. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Alexandre Rochatte : « Ça m’inspire beaucoup de choses et beaucoup de fierté, comme les Polynésiennes et les Polynésiens. Mais avant toute chose, je pense qu’il est important de féliciter Hinaupoko Devèze, parce que c’est un long cheminement, c’est une compétition qui est longue. La fierté qu’on a aujourd’hui, c’est parce qu’elle a réussi à être Miss France. Cette fierté est légitime pour tous les Polynésiens dont je suis ».
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TNTV : Miss France a des origines marquisiennes. Vous revenez d’une mission dans l’archipel. Vous avez visité la scierie de Nuku HIva, mais aussi le chantier du futur système d’adduction en eau potable. Sur ce dernier point, les Marquises sont très en retard. Comment l’État peut-il venir en aide à ces îles éloignées ?
Alexandre Rochatte : « Les Marquises sont en retard, je ne sais pas si on peut dire ça. Les Marquises ont besoin de travailler encore sur l’adduction en eau potable, effectivement, à Nuku HIva, mais aussi à Hiva Oa où j’étais le lendemain. On travaille avec les communes en appui en ingénierie. On les aide aussi financièrement. C’est d’ailleurs pour ça que je suis allé voir les chantiers. On a des belles perspectives à Hiva Oa sur la mise en adduction d’eau potable qui va arriver dans les six mois qui viennent. À Nuku Hiva, le travail est un petit peu plus long, mais les chantiers continuent ».
TNTV : Au sujet des contrôles routiers. Vont-ils être renforcés pour les fêtes de fin d’année ?
Alexandre Rochatte : « Les contrôles vont s’intensifier. Effectivement, il y a les fêtes de fin d’année qui arrivent, mais je crois que le sujet va dépasser très largement les fêtes de fin d’année. Les contrôles vont continuer parce que, vous l’avez dit, c’est à la fois du contrôle pour vérifier que les gens respectent les règles sur la route, mais c’est aussi une lutte de tous les instants contre les trafics et la consommation de stupéfiants. À l’occasion des contrôles routiers, hier, il y avait plus de 610 véhicules qui ont été contrôlés entre Papeete, Faa’a et Puunauia. On a des gens qui étaient en infraction parce qu’ils avaient consommé de l’alcool, mais on a aussi des gens qui étaient en infraction parce qu’ils avaient consommé des stupéfiants, et on a trouvé des stupéfiants dans les voitures. C’est un combat de tous les instants. Tous les policiers, tous les gendarmes, les douaniers, les policiers municipaux sont mobilisés pour que, justement, nous arrêtions la consommation et le trafic de stupéfiants en Polynésie française ».
TNTV : La consommation d’ice est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, ici, au fenua. Vous l’avez rappelé récemment, la lutte contre le narcotrafic est une priorité absolue de l’État. Vous travaillez actuellement à un plan de lutte avec les maires. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Alexandre Rochatte : « Bien sûr, c’est une priorité absolue parce que la drogue, et notamment l’ice, vient complètement détruire notre société. Ça a des effets sur la sécurité, ça a des effets sur la santé, ça a des effets sur la cohésion sociale polynésienne. Donc, c’est important de pouvoir lutter contre ces trafics et contre cette consommation. Notre plan, il a plusieurs aspects. L’aspect de lutte et de contrôle contre les flux, c’est ce qu’on a fait notamment hier soir, de travailler sur le renseignement, de travailler aussi sur les arrivées de la drogue dans les ports, aéroports et sur la route. On a beaucoup de prises qui ont été constatées. Et puis, on a un volet qui est extrêmement important, qui est celui de travailler sur le terrain, en proximité avec les tavana, avec les maires, pour que nous puissions profiter du renseignement que les maires ont. Que nous puissions aussi utiliser les compétences que les maires ont avec la nouvelle loi de lutte contre le narcotrafic, qui donne des capacités et des possibilités administratives, comme la fermeture de restaurants qui ont blanchi de l’argent, le travail qu’on peut faire aussi pour les interdictions de paraître de gens sur les points de deal. Des choses que nous allons travailler avec les tavana, avec les polices municipales. Ce plan est en train de se mettre en place. On a eu la semaine dernière une réunion avec les tavana de Tahiti et Moorea, et on a, mardi prochain, une réunion en visioconférence avec tous les autres tavana de toutes les îles, parce que c’est évidemment centré sur Tahiti et Moorea, mais aussi sur l’ensemble des archipels ».
TNTV : Les maires ont reçu un kit avec un guide pratique intitulé « Le maire, acteur de la lutte contre les stupéfiants », de quoi s’agit-il ?
Alexandre Rochatte : « Ce sont des outils administratifs, des outils d’aide à la décision pour le maire pour que nous puissions travailler. Le maire n’est pas tout seul, évidemment, il vient en appui, ou il vient en complément du travail que la police et la gendarmerie peuvent faire sur le terrain. C’est ce qu’on explique au maire à travers cette réunion et à travers ce kit qu’on leur a livré ».
TNTV : Quel rôle peuvent jouer les communes dans ce combat qu’elles ne jouaient pas auparavant ?
Alexandre Rochatte : « Elles jouent déjà un rôle, mais l’idée, c’est de concentrer mieux les efforts, c’est que le renseignement que les communes ont, les ressources en termes de policiers municipaux que les communes ont également, puissent concourir avec les policiers et les gendarmes dans la lutte contre la consommation et contre le trafic de stupéfiants ».
TNTV : Et est-ce que les efforts se concentrent seulement sur les drogues dites « dures » ou est-ce que le Pakalolo en fait partie également ?
Alexandre Rochatte : « Il n’y a pas de drogue dure et de drogue douce. Concrètement, la lutte contre les trafics de stupéfiants, c’est la lutte contre le paka, et ensuite, c’est la lutte contre l’ice et d’autres types de drogues. Aujourd’hui, en Polynésie française, il y a une banalisation de la consommation du paka. Un tiers des destructions de pieds cannabis sur l’ensemble de la France métropolitaine et d’outre-mer se passe ici en Polynésie. Le paka, c’est la première marche vers le trafic et la consommation de drogues plus addictives comme l’ice. Et donc on travaille contre le trafic et contre la consommation de paka et évidemment contre le trafic et la consommation d’ice ».



