A Raivavae, les tarodières disparaissent peu à peu

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Dans l’archipel des Australes, la culture du taro fait la fierté des habitants. Mais derrière ce tubercule aux mille saveurs, se cache un travail exigeant, où force et savoir-faire se transmettent de génération en génération. Si à Rurutu la tradition reste solidement ancrée, à Raivavae, les tarodières disparaissent peu à peu.

Il y a un an, après 25 années passées dans une société de gardiennage à Tahiti, Moana Mahaa a choisi de revenir sur son île natale : Raivavae. Un retour aux sources guidé par l’appel de la terre et surtout par celui du taro.

« Il n’y a pas de travail ici. C’est ça le travail. Les mamans à Raivavae sont toujours dans la fa’a’apu », dit-il.

Pour faire pousser le taro, rien de simple. Le travail commence par la préparation du sol. Il faut creuser profondément, à la barre à mine ou au pilon, avant de planter soigneusement les jeunes pousses.

L’eau, indispensable, arrive grâce aux petits canaux qui serpentent dans les champs. Reste ensuite qu’à attendre. Neuf mois sont nécessaires avant d’espérer récolter le précieux tubercule.

« Ce n’est pas un travail de fillette, mais d’homme. Il n’y a pas de machine, c’est toi la machine et si tu n’es pas là, ça s’arrête », souffle Moana.

Après un quart de siècle loin de ses tarodières, il constate des changements inquiétants. Là où jadis s’étendaient de vastes champs, la brousse a pris le dessus.

« Il n’y a plus les taros comme avant. Le changement, il est là. Un Raivavae pur, le matin il se lève et il va dans la tarodière. C’est ça le Raivavae. Il n’est pas fait pour rester dormir à la maison », sourit l’agriculteur.  

En replongeant les mains dans la terre de ses ancêtres, Moana entretient bien plus qu’un champ : il ravive la mémoire et le savoir-faire de son île.

Son engagement est une invitation à la jeune génération, pour que le taro continue à pousser et à réunir les familles, aujourd’hui comme demain.

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