« Vers 15h40, il s’est réveillé. Cinq minutes après, on l’a retrouvé sur la côte, pendu (…) C’est son papa qui l’a vu, il a crié… Moi, j’étais bloquée, je n’arrivais plus à bouger« . Ce mardi, le fils de Mauo, tout jeune papa âgé de 19 ans et souffrant d’addiction à l’ice, a tenté de mettre fin à ses jours. Il est aujourd’hui en réanimation, branché à une machine qui le maintient en vie.
Aux côtés de Mauo, Charles Renvoyé, vice-président de la Fédération citoyenne de lutte contre les drogues et la toxicomanie, replace ce drame dans un contexte plus large. « C’est une situation qu’on voit presque tous les jours. Il consommait déjà et puis il avait arrêté. Et puis, il y avait un jeune qui était venu ce vendredi matin, qui l’a fait fumer comme ça, gratuitement (…). Tout ça, c’est bien rôdé chez les dealers, de rendre accro dans la jeunesse » , déplore-t-il, racontant la descente aux enfers du jeune homme.
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« Il a eu des symptômes d’hallucinations. Il prenait le couteau et il disait à ses parents qu’on avait envie de le tuer (…). Les parents étaient constamment obligés de le surveiller. Il n’en dormaient plus » , ajoute-t-il.
« Je suis perdue »
Interné pendant 4 mois à Tokani l’année dernière, le jeune homme, décrit comme « gentil garçon » par sa mère, était parvenu à stopper sa consommation. Mais dès sa rechute, il est devenu « quelqu’un d’autre » , sous l’effet de l’ice, « méchant et irrespectueux » même envers son bébé de trois ans. Mauo doit dorénavant assumer le rôle de mère et de grand-mère après le départ de la compagne de son fils. « Je suis perdue (…). Je veux juste qu’il revienne avec moi pour rentrer » , répète-t-elle.
Charles, lui, en appelle à la société tout entière. « Levons-nous. Ce n’est pas qu’une histoire de la fédération, mais une histoire de tout le monde, de tous les parents et de toute cette jeunesse-là » . Cette mobilisation, il l’attend ce samedi 6 septembre. Pour rappel, la Fédération organise une grande marche pacifique contre l’ice, avec un rassemblement dès 7 heures au stade Willy Bambridge et un départ à 9 heures vers l’Assemblée de la Polynésie française.
En parallèle, le Gouvernement a annoncé un renforcement de son arsenal, ce mardi. Un infirmier dédié aux personnes sous ice est dorénavant affecté aux urgences. Il sera bientôt soutenu par une Équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA), déployée d’ici la fin de l’année. Enfin, le Pôle de Santé Mentale ouvrira en 2026, avec un service dédié aux addictions.
(Mise à jour) Selon Charles Renvoyé, le jeune homme est sorti de réanimation ce jeudi.