À compter du 1er juillet 2026, la cigarette électronique devrait disparaitre de Polynésie. Il ne sera en effet plus possible d’en importer, ni d’en vendre à cette date. La raison ? Un amendement surprise qui a été adopté pendant l’étude du texte relatif à la lutte contre le tabagisme, la semaine dernière, à l’Assemblée.
Les professionnels du secteur se disent aujourd’hui dans l’incompréhension, alors qu’ils ont participé aux travaux.
– PUBLICITE –
« On a passé 18 heures à travailler sur le projet de loi avec le ministre de la Santé. C’est un peu se moquer de nous. Nous dire : ‘il y aura un projet de loi, mais finalement on vous interdit la vente et l’importation’. Pour nous, c’est mettre la clé sous la porte. Ce sont des emplois qui seront perdus, chez nous comme chez mes confrères. C’est la fin d’une activité, » fulmine Torea Gille, le co-fondateur d’une société du secteur.
L’usage détourné des cigarettes électroniques par les jeunes pour consommer de la drogue a été brandi à l’Assemblée par la représentante Lana Tetuanui pour motiver l’amendement. Un argument qui laisse les professionnels du secteur dubitatifs.
« Il faut protéger la jeunesse, mais parler de la drogue sur notre secteur d’activité, c’est un peu abusé. Nous ne sommes pas responsables de tout cela. Quand on entend que le tabac rapporte 6 milliards de francs de recettes fiscales, est-ce une question de santé ou d’argent ? », s’interroge Torea Gille.
Une incompréhension pour le jeune entrepreneur, car le projet de loi dit « anti-tabac » cible, in fine, davantage les produits de vapotage.
Sont-ils aussi dangereux que les cigarettes classiques ? Ils représentent en tous les cas une alternative pour beaucoup de fumeurs qui sont parvenus à arrêter la cigarette grâce à ce substitut.
Mais pour ce pneumologue, le vapotage ne doit pas durer dans le temps. « Dans la cigarette, il y a des substances cancérigènes qui n’existent pas dans la vape. Mais on n’a pas de recul avec la vape, on ne sait pas ce qu’il y a dedans. On dit que c’est moins dangereux que la cigarette, mais cela reste toujours nocif », explique le docteur Redouane Bouayab.
« Si quelqu’un passe au vapotage durant un ou deux mois, pourquoi pas, mais il ne faut pas que ça dure », ajoute le médecin.
Aujourd’hui, la Polynésie compte une dizaine de commerces spécialisés dans le domaine. Leurs gérants disent vouloir contester l’amendement litigieux devant la justice. Ils doivent se réunir avec les membres du Medef, ce jeudi, pour discuter des suites à donner.