Titres professionnels : l’Assemblée valide la reconnaissance des diplômes du fenua

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Quatre nouveaux titres à finalité professionnelle préparés en Polynésie française seront bientôt reconnus par l'État : commis de cuisine, plaquiste, assistant manager d'unité marchande et responsable coordonnateur services au domicile.

Adoptées à l’unanimité lors de la troisième séance budgétaire de l’Assemblée, quatre délibérations ont été votées, chacune visant à faire reconnaître par l’État un titre à finalité professionnelle préparé en Polynésie française : commis de cuisine, plaquiste, assistant manager d’unité marchande et responsable coordonnateur services au domicile.

Ces textes marquent un pas de plus vers une autonomie du savoir et de la formation, tout en sécurisant la valeur nationale des diplômes délivrés localement.

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Des titres reconnus, des carrières ouvertes

La reconnaissance par l’État permet aux diplômés polynésiens d’exercer leur métier sur l’ensemble du territoire français et européen.

Le titre de commis de cuisine, créé en juillet 2025, est composé de quatre blocs de compétences : gestion des produits, préparation des plats, dressage et hygiène. Il est préparé par le Centre de formation professionnelle des adultes (CFPA), également habilité à dispenser les autres titres concernés.

Le titre de plaquiste, déjà reconnu en 2021, a été mis à jour pour tenir compte des nouvelles normes nationales. Celui d’assistant manager d’unité marchande forme aux métiers de la gestion et du commerce, tandis que le responsable coordonateur services au domicile répond à la montée des besoins en accompagnement des personnes âgées ou dépendantes.

Des élus entre fierté locale et question d’autonomie

Dans l’hémicycle, le ton a souvent dépassé la technique. Pour plusieurs représentants, cette reconnaissance par l’État pose une question de fond : celle de l’autonomie éducative et professionnelle du Pays.

Pour Odette Homai (Tavini Huiraatira), « tant que nous attendons qu’un autre dise ce que valent nos savoirs, nous restons sous tutelle dans nos propres murs. » Elle a salué ces textes comme « un pas concret vers l’autonomie du savoir et du travail », tout en appelant à renforcer les formations pensées « pour nos archipels, pour nos besoins. »

Teave Chaumette a rappelé que ces dispositifs traduisent « une ambition de souveraineté éducative » et doivent conduire à la création d’une cellule polynésienne de certification, capable de produire nos propres référentiels.

De son côté, Yseult Butcher a préféré souligner la complémentarité du dispositif : « cette étape, aussi contraignante soit-elle, prouve que nos formations sont de qualité et que leurs titulaires voient leurs compétences reconnues à l’échelle hexagonale comme européenne. » Elle a toutefois alerté sur les difficultés de recrutement dans le secteur du BTP, et appelé à valoriser davantage les métiers du soin à domicile, en plaine expansion.

Le gouvernement promet une montée en puissance locale

La ministre du Travail, Vannina Crolas, a reconnu que la procédure restait « longue et lourde » pouvant atteindre « 18 mois à deux ans« , avant qu’un titre soit officiellement reconnu par l’État. Mais une évolution se profile : la création dès 2026, d’un centre local de certification, qui devrait alléger le processus et renforcer l’expertise polynésienne.

La ministre a également annoncé le lancement prochain de titres 100% polynésiens, tels que jardinier du corail (en partenariat avec Coral Gardeners) ou agent de restauration forestière, développé avec Aoa Polynesian Forest. Des métiers inédits, conçus pour répondre aux enjeux de régénérations écologiqu du territoire.

« On veut que les titres qui sont émis et créés chez nous soient reconnus par l’État et plus tard par le monde« , a résumé la ministre, évoquant une stratégie d’emploi et de compétences tournée vers une « une économie plus endogène, plus solidaire et plus écologique, plus régénérative« 

86% d’insertion, et un exemple

Répondant à une question de la sénatrice Lana Tetuanui sur le taux d’insertion des diplômés, la ministre Vannina Crolas a indiqué une moyenne de 86%, dont 70% en emploi direct. Elle a cité l’exemple d’une formation Commis de cuisine destinée à des personnes sans abri : « Ils suivaient les cours le jour et retournaient dormir dans la rue le soir… Six ont obtenu leur diplôme et trouvé un emploi. »

Malgré des nuances sur la méthode, les élus ont voté à l’unanimité ces quatre délibérations.

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