Ice : « plusieurs projets » dont un « centre à Moorea pour la cure » selon Mercadal

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    Le ministre de la Santé était l'invité de nos journaux lundi. Cédric Mercadal s'est exprimé sur la réforme du RNS mais a aussi évoqué la lutte contre les drogues et en particulier la méthamphétamine (ice). Selon lui, plusieurs projets sont en cours dont un "grand centre à Moorea pour la cure".

    Tahiti Nui Télévision : Monsieur le ministre, bonsoir. Merci d’avoir accepté l’invitation de TNTV ce soir. Alors tout d’abord, est-ce que vous pouvez nous rappeler l’intérêt de ce nouveau dispositif ?
    Cédric Mercadal, ministre de la Santé :
    « L’intérêt de ce nouveau dispositif est de conforter la Protection sociale généralisée. Depuis 1995, il fallait la revoir. On avait 5 actifs pour 1 cotisant à l’époque qui partait à la retraite pour 10 ans. Aujourd’hui, on est à 2 pour 1. Et demain, on sera en 2040, à 1 pour 1. Ce qui fait que le régime partant comme il doit aller, on ne pourra plus payer les prestations à hauteur qu’on doit, sans augmenter les cotisations. Or, on n’a pas du tout fait ce choix. On a décidé de mettre l’activité au sein de la PSG, parce que plus on aura d’actifs, plus on pourra payer cette Protection sociale généralisée. 85% du financement de la PSG, ce sont des cotisations. Donc plus il y aura de personnes qui cotiseront, et moins on touchera aux prestations et aux taux de cotisation. »

    TNTV : Concernant la réforme du régime des non-salariés, il était question de soumettre aux cotisations sociales les revenus locatifs à partir de 250 000 Fcfp. Un plafond trop bas pour les entrepreneurs. Vous avez fini par céder à 300 000 Fcfp. Pourquoi ?
    Cédric Mercadal, ministre de la Santé :
    « Alors, on est allé au-delà de ça. C’est-à-dire que la demande était de faire la fin de la prime montée. C’est-à-dire qu’une personne qui était salariée, qui gagnait un SMIC, ou qui gagnait 170 000 Fcfp, payait des cotisations sur 170 000 Fcfp dans son contrat de travail. Mais à l’inverse, quand il était au RNS en plus, avec une activité, il pouvait recevoir 1,5 million et ne pas payer dessus. Là, on a fait en sorte qu’il paye des deux côtés, aussi bien au régime des salariés qu’au régime RNS, au titre des cotisations qu’il aura payées. »

    TNTV : Alors, comment est-ce que ça va fonctionner ? Ces cotisations seront prélevées à la source, ou est-ce que ça sera finalement déclaratif ?
    Cédric Mercadal :
    « Ce sera du déclaratif, comme aujourd’hui. On aura surtout une pédagogie plus forte. On a éclairé les assiettes de cotisations. On sait maintenant ce qu’on doit payer, ce qu’on ne doit pas payer. On a diminué l’assiette, contrairement à ce qu’on a pu entendre par ailleurs. Et ça permettra d’avoir des cotisations plus justes, plus régulées, et plus de justice sociale. »

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    TNTV : L’idée aussi, vous l’avez un peu rappelé tout à l’heure, c’est de lutter contre les faux patentés. Quels seront vos moyens d’action, vos moyens de contrôle ?
    Cédric Mercadal :
    « Les moyens de contrôle seront beaucoup plus forts, puisque la direction du budget, par exemple, ou la direction des impôts ne communiquent pas forcément avec la caisse de prévenance sociale. Ils vont échanger des données. Il y aura plus de contrôleurs aussi, qui pourront aider et accompagner dans la recherche d’infractions, mais surtout dans le conseil auprès des gens, parce que c’est ça qu’on recherche surtout. Et puis pour les petits patentés, on prendra en charge leurs cotisations quand ils gagnent en moins de 100 000 Fcfp. »

    TNTV : Malgré tout cela, il y a une levée de boucliers, on l’a entendu dans le reportage. L’opposition, le Cesec aussi, s’était prononcé défavorablement en début d’année sur ce texte, un texte qu’ils considèrent comme un nouvel impôt sur le revenu. Pour les patrons, on l’a entendu dans le reportage de la CPME, il y a un problème d’équité dans les cotisations. Comment vous réagissez ce soir aux chiffres qui ont été évoqués dans le reportage ?
    Cédric Mercadal :
    « L’équité devant les cotisations salariales et RNS sont différentes. Quand on est salarié, on paye quasiment un 30% de cotisation patronale et salariale groupée. Quand on est au régime des non salariés, on paye 10% pour l’assurance maladie. Je ne sais pas comment on peut parler d’iniquité. Je pense qu’elle est plutôt contre ceux qui sont au RGS par rapport à ceux qui sont au RNS, mais ils payent la maladie seulement au RNS. La seule différence que j’entends le président de la CPME faire, c’est entre les retraités et les personnes qui gagnent 360 000 Fcfp au RNS. Je signale que plus de 82% de la population retraitée gagne moins de 135 000 Fcfp. Donc, on est très très loin et ils cotisent au premier franc. »

    TNTV : Merci pour ces réponses, monsieur le ministre. On va évoquer un autre gros sujet en Polynésie actuellement, le fléau de l’ice. Une drogue qui touche de nombreuses familles, de nombreux jeunes, mais les moyens des associations, mais également des structures de santé restent limités. Pourtant, il y a urgence. Le Pays a annoncé injecter 250 millions pour lutter contre ce fléau. Quand et comment cet argent sera-t-il employé ?
    Cédric Mercadal :
    « L’argent est déjà employé. En fait, on s’applique à prendre beaucoup de projets. Il y avait une partie pour la fédération qui était prévue, où le ministère des Sports et de la Jeunesse travaille en lien avec l’association et la fédération de l’ice. Il y a d’autres projets qui sont mis en place. Vous avez vu la campagne de prévention qui est mise en place par la direction de la Santé. Il y a des projets aussi, comme celui du monsieur qui a un bootcamp installé au fin fond de l’île et qui va aider aussi à retrouver sa culture. »

    TNTV : Vous évoquez ce centre de désintoxication annoncé par le Pays. J’allais y venir, justement. Un centre de désintoxication à Anuanuraro. Est-ce que c’est réellement réalisable ?
    Cédric Mercadal : « Alors ça, c’est autre chose. C’est un projet qu’on voudrait un jour voir le jour pour accompagner les gens. Mais avant cela, il va falloir que l’on fasse beaucoup de prévention. »

    TNTV : C’est un projet qui pourrait se faire ? C’est en cours de réflexion ?
    Cédric Mercadal :
    « Il y a des projets sur la table. Il y en a plusieurs. Il y a un centre à Moorea qui est en prévision. Quelqu’un qui veut installer un grand centre à Moorea pour la cure. Il y a des Américains qui veulent s’installer pour cela, d’ailleurs. Il y a aussi des actions privées qui se font dans le cadre de bootcamps. On a le pôle de santé mentale qui ouvrira en fin d’année, qui pourra faire aussi du traitement de l’addiction. En fait, il faudra que tout le monde s’y mette à un moment ou à un autre et accompagne les gens qui en ont le plus besoin dans l’addiction. Parce que c’est surtout ça, c’est un fléau. 250 millions, c’est ce que le Pays mettait sur la table. On attendait à ce que l’État nous accompagne. »

    TNTV : L’État a été pointé du doigt par Moetai Brotherson sur ses défaillances dans la lutte contre les drogues. Est-ce que vous pensez que vous mettez également tout en œuvre en matière de santé et de prévention ?
    Cédric Mercadal :
    « On fait tout ce que l’on peut et il faut répondre à ce fléau de manière coordonnée avec les associations, les confessions religieuses et l’ensemble de l’administration. Je pense que tous les élus aussi sont derrière cette lutte. À l’Assemblée, le dernier vote qui est passée montre bien que tout le monde veut faire parce qu’on a tous quelqu’un autour de nous qui peut être touché et il faut faire attention à cela. »

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