Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a pris une position jusque-là inédite, ce mardi, dans le cadre de la commission d’enquête sur la politique française d’expérimentation nucléaire et ses conséquences en Polynésie française, en se prononçant pour davantage de transparence et de reconnaissance de la part de l’État.
À la question de Mereana Reid Arbelot : « l’État pourrait-il envisager des excuses officielles, selon vous, envers les populations Polynésiennes affectées par les essais ? » , l’ancien premier ministre a répondu sans détours. « À titre personnel, je n’ai aucun problème là-dessus. Mais l’État, ce n’est pas moi. Et c’est sur un dossier aussi sensible, c’est, me semble-t-il, au président de la République, dans la continuité des choix de ses prédécesseurs (…) que le chef de l’État peut être en capacité d’accomplir ce type de gestes. Mais à titre personnel, je pense que la France est plus grande quand elle est juste » , a-t-il déclaré.
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Manuel Valls, qui sera en Polynésie française du 3 au 10 juillet prochains, s’est également dit ouvert à une solidarité nationale en matière de conséquences sanitaires des essais.
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Du côté du Tavini Huiraatira et de Tony Géros, les réactions à la position de Manuel Valls sont plutôt sceptiques. « Pour quel terme? Le moyen terme, le long terme? En sachant qu’en juillet, les cartes peuvent être rebattues – Emmanuel Macron sera autorisé à dissoudre l’Assemblée nationale de nouveau s’il le souhaite, ndlr -. Ce n’est pas vraiment constructif » , souffle le président de l’Assemblée.

Du côté de l’association 193, ces déclarations vont dans le sens de l’histoire. « Nous pensons que ce pays a besoin d’entendre de la bouche de l’État que les essais nucléaires ont été une catastrophe principalement sanitaire et environnementale pour les habitants de ce pays. Et c’est à l’État de le faire (…) Nous croyons que la demande de pardon de l’État peut être un chemin de construction (…) de la mémoire d’un Pays. Construction dans la manière d’avoir de nouveaux rapports avec l’État » , insiste le Père Auguste Uebe Carlson. Mais il ne s’agit en aucun cas, dans l’esprit des 193, d’un pardon qui signifierait oublier ce qui a été fait » .
L’association 193 qui, à ce jour, a accompagné près de 300 familles de victimes, indemnisées à hauteur de 3 milliards de francs pacifique. « On ne peut pas nous accuser d’invoquer le pardon sans le travail de la réparation » , conclut le Père Auguste Uebe Carlson.
Moetai Brotherson, actuellement à Paris, doit rencontrer le ministre des Outre-mer ce jeudi.