Le discours d’ouverture de la session budgétaire de Moetai Brotherson a pris des allures offensives. Tout en présentant les axes budgétaires de 2026 — cantines gratuites, soutien au logement social et aux classes moyennes, relance de l’investissement public — le président a dressé un réquisitoire contre les choix politiques passés, tout en insistant sur la bonne santé économique du Pays. « La Polynésie française se porte économiquement bien, les chiffres le montrent, et les chiffres ne font pas de politique. Mais cela n’est pas encore suffisant » , a-t-il déclaré en guise d’introduction.
Après une croissance portée en 2024 par la consommation des ménages et l’investissement public lié aux Jeux olympiques, le appelle à la « prudence » pour l’année à venir. « Dans un contexte national et international incertain, nous nous devons de rester vigilants, particulièrement sur nos prévisions de croissance pour la prochaine année » , anticipe-t-il.
Gratuité des cantines scolaires
Sur le terrain de la lutte contre la vie chère, la gratuité des cantines scolaires relevant du Pays sera désormais inscrite au budget, et instaurée. Le projet de loi Tama’a Maita’i, lui, est prévu pour soutenir le pouvoir d’achat des classes moyennes via une aide ciblée et encourager la consommation locale. Un autre texte est dans les tuyaux pour faire baisser le prix d’un certain nombre de « produits de consommation courante » , entendre la réforme attendue des PPN et des PGC.
Concernant le logement, Oraihoomana Teururai prévoit de mettre en place un mécanisme de bail destiné à réduire le prix de l’immobilier pour les classes moyennes. « Ce dispositif permettra la mise à disposition de fonciers du Pays de manière encadrée et garantissant un niveau de sortie de l’immobilier plus bas qu’il ne l’est aujourd’hui » , prédit le président du Pays.
Tacle sur l’Institut Mathilde Frébault
Côté santé, Moetai Brotherson a taclé le choix du gouvernement Fritch de fermer l’Institut Mathilde Frébault, principale école de formation en soins infirmiers et aide-soignant, en 2022. La réouverture de l’établissement, un temps annoncé à la rentrée 2024, doit être effective dans les prochains mois, comme l’a avancé le ministre de la Santé Cédric Mercadal sur les ondes de nos confrères de Radio 1, fin mai dernier. Peinant à attirer du personnel soignant, le CHPF avait évité le déclenchement du plan blanc de justesse, fin août.
« Ceux qui ont fermé l’Institut Mathilde Frébault portent une responsabilité dans les difficultés que nous connaissons et continuerons de connaître (…). Je sollicite notre Assemblée de bien vouloir faire la lumière sur les intentions de ceux qui ont mis à mal notre système de santé et la santé de notre population » , a lancé le président du Pays, qui promet tout à la fois une revalorisation des infirmiers, des aides-soignants et de l’ensemble des personnels hospitaliers. Parallèlement, le ministère de l’Éducation contactera, « avant la fin de l’année », tous les étudiants boursiers polynésiens à l’étranger pour les inciter à revenir exercer au fenua.
Moetai Brotherson a également dénoncé « un manque de moyens chroniques » dans la délivrance des permis de construire. La direction de la construction sera dotée de nouveaux postes, et une réforme du Code de l’aménagement est attendue d’ici le premier semestre 2026 afin de « rationaliser les procédures ».
Un discours semé de critiques, donc, parachevé par une conclusion pointant « les erreurs du passé » . « La fin du clientélisme a ébranlé tout un système qui ne demande qu’une chose, c’est le retour des CAE, la distribution des aides à la tête du client ou selon l’appartenance politique. Nous voulons préparer l’indépendance. Mais l’indépendance ne doit pas être la continuité d’une autonomie teintée de clientélisme » , a conclu le président du Pays.



