« Le 29 septembre, à l’Élysée, j’ai rappelé que le statut d’autonomie n’était pas une fin en soi. Tous les territoires français appellent à un renouvellement de leur relation avec la France. J’appelle à l’indépendance », a déclaré Moetai Brotherson ce mardi devant la 4e commission des Nations Unies.
Le président de la Polynésie persiste et signe. Il assume ouvertement le cap de l’indépendance, sur un ton plus ferme. « Monsieur le Président, a-t-il lancé, je réaffirme l’engagement total du gouvernement de la Polynésie française en faveur d’un processus de décolonisation pacifique et démocratique avec la France, sous le contrôle des Nations Unies. (…) Jusqu’à présent, j’ai préféré le dialogue politique aux voies judiciaires, mais un leadership responsable doit envisager des instruments pacifiques et légaux lorsqu’il se trouve dans une impasse. Le 3 octobre, la Commission spéciale pour la décolonisation de l’Assemblée de la Polynésie française m’a officiellement demandé de me joindre à l’action en justice devant le Tribunal administratif. Je ne souhaite pas emprunter cette voie. Cependant, si aucune mesure n’est prise par la puissance administrante, le peuple de Maohi Nui ne peut être laissé sans recours. »
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Moetai Brotherson met désormais la pression sur Paris. Une proposition soutenue par la majorité Tavini, qui voit dans cette offensive diplomatique, un moyen de rétablir un rapport d’équilibre avec la France.
« Le respect des aspirations des peuples polynésiens en matière de gouvernance est la priorité de la France«
Du côté de l’État, les transferts d’argent illustrent au contraire la solidarité et la confiance qui unissent Paris et Papeete.
« Le dialogue entre l’État et le territoire polynésien est constant et sans intermédiaire, a souligné Jérôme Bonnafont, ambassadeur de la France auprès de l’ONU. Il n’attribue pas de rôle aux Nations Unies, mais notre participation au dialogue aujourd’hui témoigne de ce dialogue de confiance que la France a noué à son intégration au sein de son environnement régional. Rappelons à cet égard que les transferts financiers à la Polynésie représentent chaque année près de 2 milliards d’euros, soit 30% du PIB du territoire.
La France soutient aussi la participation de la Polynésie française aux forums régionaux, notamment dans le cadre du Forum des îles du Pacifique où le gouvernement polynésien a la possibilité d’exercer ses compétences propres. Monsieur le Président, le respect des aspirations des peuples polynésiens en matière de gouvernance est la priorité de la France.«
Pour l’opposition Tapura Huiraatira, le discours indépendantiste vire à la caricature. Les élus autonomistes, venus en nombre cette année, dénoncent une instrumentalisation politique de la tribune onusienne.
« On a encore des indépendantistes (…) qui viennent ici devant l’ONU mentir »
« Sans surprise, par rapport aux années précédentes, on a encore des indépendantistes et des soutiens d’indépendantistes qui viennent ici devant l’ONU mentir, tout simplement, en déformant la réalité de notre vie en Polynésie, en venant dire toujours et encore que nous ne vivons pas pleinement notre culture, qu’on nous empêche de parler notre langue, qu’on est bridés par la France », a réagi l’élue Tepuaraurii Teriitahi.
Pour le député autonomiste Moerani Frébault, les émeutes du 13 mai en Nouvelle-Calédonie doivent servir d’exemple : « L’objectif est qu’on n’arrive jamais à ce type d’extrémité en Polynésie et je pense qu’on n’a vraiment pas à le faire parce qu’on est tous en phase au final sur la volonté de développer notre pays. On est juste persuadés qu’on le ferait mieux avec l’accompagnement et le partenariat financier de la métropole. »
Malgré les appels répétés du président indépendantiste à un dialogue multilatéral sous l’égide de l’ONU, ni l’État ni les autonomistes ne semblent enclins à faire partis de cet échange.