Ambiance pesante au palais de justice ce jeudi matin, lors d’un procès qui s’est déroulé à huis clos partiel. Celui d’un jeune homme de 21 ans qui, en septembre 2024, s’était introduit à 3 heures du matin dans la chambre de sa petite sœur de 15 ans.
Alors qu’elle était endormie, il avait baissé son short avant de lui embrasser les fesses. L’adolescente s’était réveillée en sursaut, et il lui avait chuchoté : “tu ne veux pas qu’on le fasse ?”. Il avait finalement quitté les lieux en lui lançant : “ne le dis pas aux parents, c’est juste qu’en ce moment, je vais mal”.
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D’une voix à peine audible à la barre du tribunal, ce mardi, le jeune homme a reconnu les faits : “Il y a un truc qui ne tourne pas rond dans ma tête. Il y a un truc qui n’a pas réussi à me stopper (…) Je l’ai fait et c’est tout. Je ne peux pas l’expliquer”.
Son expertise psychiatrique a conclu qu’il souffrait d’un “probable trouble bipolaire avec trouble dépressif sévère”. Une pathologie “susceptible d’altérer son discernement au moment des faits”, mais qui ne l’empêche pas pour autant d’être jugé.
“Sur le coup, je n’ai pas mesuré l’impact”, a témoigné sa petite sœur, épaulée à l’audience par Ukyo, le nouveau chien d’assistance judiciaire, dont c’était la première mission. “Ça a été dur de faire le point et d’aller mieux. J’estime que je vais bien. Le seul problème, c’est mon sommeil”, a timidement souri l’adolescente.
Devant les enquêteurs, elle avait expliqué que son grand frère s’en était déjà pris à l’une de ses amies qui dormait chez elle. Une jeune fille de 13 ans qu’il avait déshabillée dans son sommeil pour la prendre en photo nue. Ce que le mis en cause a reconnu.
Mais quid des parents dans tout ça ? Un couple bien inséré qui a toujours privilégié l’aîné.
“Mon père a essayé de trouver des excuses à mon frère. Il a demandé que je lui pardonne sans chercher à comprendre. Et ma mère m’a dit qu’elle avait subi la même chose petite et qu’elle avait pardonné. Elle m’a dit de n’en parler à personne”, avait expliqué en audition la jeune fille, ajoutant que son père lui avait aussi confié qu’il avait commis des attouchements sur sa cousine lorsqu’il était enfant.
“Ils ont eu de la chance de ne pas être poursuivis pour non-dénonciation d’agression sexuelle sur mineure”, s’est indignée la procureure, fustigeant “des parents qui n’ont pas pris la mesure de la gravité de l’état de leur fils, ni pris en compte la parole de leur fille”.
“Cette jeune femme est extrêmement courageuse. Elle a osé rompre le secret d’une reproduction transgénérationnelle. Elle a affronté seule la situation”, a salué la magistrate.
“Elle était en insécurité affective et en insécurité physique”, a renchéri l’avocate de la victime, Me Isabelle Nougaro, “heureusement qu’elle a craqué au lycée et qu’on l’a étendue”. Puis la pénaliste d’assener : “Elle se bat toute seule. C’est elle qui est normale dans cette salle. On est dans un inceste intergénérationnel. C’est effrayant”.
L’avocate du jeune homme, Me Viviane Genot, a évoqué des “parents démunis” face au comportement étrange de leurs fils. “Ils ne savaient pas que leur fille était en détresse. Depuis, ils ont pris les choses en main. Ils se sont séparés pour leurs enfants”, a-t-elle plaidé. Quant à son client, “il se sent responsable et coupable” et “se répare doucement avec le psychiatre et les médicaments”.
Le jeune homme a finalement été condamné à 8 mois de prison avec sursis, ainsi qu’à un suivi socio-judiciaire pendant 3 ans. Une interdiction de contact avec sa sœur a également été prononcée et il devra lui verser 300 000 francs de dommages et intérêts. Son nom sera aussi inscrit au Fichier national des auteurs d’infractions sexuelles.