Saisie de 524 kilos de cocaïne sur le “Raymi” : de 6 à 8 ans de prison pour l’équipage équatorien

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    Des peines de 6 à 8 années de prison ferme ont été prononcées, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Papeete, contre l’équipage du “Raymi”, ce chalutier intercepté au large des eaux polynésiennes, en décembre dernier, avec 524 kilos de cocaïne à son bord. Les 14 hommes, des ressortissants équatoriens, ont assuré avoir réceptionné les ballots de drogue par hasard après qu’ils se sont emmêlés dans leur filet en pleine mer. Une version “absolument pas crédible” pour les magistrats.

    Les 14 marins à l’allure frêle ont défilé à la barre du tribunal, ce mardi. Ces ressortissants équatoriens, âgés de 33 à 64 ans, se sont montrés très peu bavards, se contentant de répondre du bout des lèvres aux questions qui leur étaient posées, aidés pour cela d’une interprète.

    Je suis innocent”, a lancé l’un des hommes.  Ce, qu’en substance, tous ont affirmé successivement. Selon leurs dires, ils ont “pêché” par inadvertance en pleine mer les 11 ballots qui contenaient un total de 524 kilos de cocaïne. Les paquets de drogue se seraient emmêlés dans leurs filets. Et ils les auraient jetés à l’eau en voyant arriver les militaires du Bougainville, venus intercepter le navire au large de l’archipel des Australes.

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    Des explications “absolument pas crédibles” aux yeux du tribunal, comme à ceux de la procureure. Car en garde à vue, l’un des marins s’est montré plus prolixe. Il a déclaré que l’équipage avait été recruté pour convoyer la drogue jusqu’en Australie. Et que la cocaïne avait été récupérée en pleine mer, non loin de l’Équateur, grâce à un Zodiac venu à la rencontre du chalutier. 

    Mais l’intéressé s’est depuis rétracté. “Les enquêteurs m’ont mis la pression. On m’a dit que mes camarades avaient déjà tout dit. J’ai été obligé de dire la même chose qu’eux”, a-t-il juré à la barre, ce mardi.

    Reste que la balise de géolocalisation du navire avait été coupée. Et ses cales ne contenaient aucun poisson, alors que le chalutier était censé mener une campagne de pêche depuis de longues semaines. La faute à une panne de la chambre froide qui a contraint les marins à jeter leurs prises en mer, selon leurs déclarations. Sauf qu’une expertise a démontré qu’elle fonctionnait bel et bien.

    Reste aussi les versions divergentes données par les 14 marins, issus du même entourage en Équateur et/ou unis par des liens de sang.

    Vous êtes parvenus à vous mettre d’accord sur une version globale. Mais il y a quand même beaucoup d’incohérences. Vous n’êtes pas d’accord sur les liens de parenté, pas d’accord non plus sur la durée de la campagne de pêche et sur le type de poissons pêchés, et pas d’accord sur les avaries qu’il y a eues”, a résumé la présidente du tribunal, sans obtenir, une nouvelle fois, de réponse en retour.

    Dans ses réquisitions, la procureure est longuement revenue sur les nouvelles routes de la drogue empruntées par les trafiquants internationaux : “On qualifie l’Équateur de nouveau Mexique. C’est la zone la plus sensible d’Amérique du Sud. Il est bien situé par rapport au Canal de Panama (…), mais aussi par rapport aux routes dans le Pacifique”.

    Selon ses estimations, 500 kilos de cocaïne représentent une valeur marchande minimale de 111 millions de dollars US sur le marché Australien, troisième pays où cette drogue est la plus chère. 

    Il y a des incohérences complètes dans les propos des uns et des autres (…) Et, surtout, on n’a pas trouvé de matériel de pêche dans le navire, ni de poisson (…) Ce bateau participait à un trafic international de cocaïne”, a asséné la magistrate.

    L’équipage aurait donc été recruté par des narcotrafiquants avec la promesse pour chacun des hommes d’empocher de “5 000 à 10 000 dollars”. “Une somme inespérée pour ces marins dont la plupart se trouvent dans une situation précaire”, a souligné la procureure pour qui tous savaient qu’ils se livraient à un trafic.

    Un argumentaire retenu par le tribunal. Il a condamné le capitaine du “Raymi” à 8 ans de prison ferme. Son second a écopé de 7 ans et les 12 marins de 6 ans de détention. Une interdiction de séjour sur le territoire polynésien pour une durée de 10 ans a également été prononcée à leur encontre. Les 14 hommes pourraient être amenés à purger leurs peines dans leur pays d’origine, en fonction des conventions judiciaires liant la France à l’Équateur.

    Lors de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont réclamé la relaxe au bénéfice du doute, considérant que le ministère public n’apportait pas de preuves tangibles pour démontrer la culpabilité de leurs clients. Ils entendent faire appel du jugement.

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