Nouvelle affaire de violences conjugales au rôle du tribunal correctionnel de Papeete, ce lundi en comparution immédiate. Le dossier vise Manoa*, un jeune homme de 22 ans poursuivi pour des faits de violences à Paea, sur deux femmes : la mère de ses deux enfants, le 29 août 2024, et sa dernière petite amie en date – âgée de 17 ans – , samedi dernier.
Il y a un an, Manoa habitait chez les parents de la mère de ses deux jeunes enfants, Élise*. La petite famille n’avait pas beaucoup de ressources, car seule Élise travaillait à l’époque, en tant que femme de ménage non déclarée. C’est la prise en charge des bambins, ce 29 août, qui avait déclenché une dispute. À Élise qui lui demandait de garder les enfants, Manoa avait répondu d’un coup de poing à l’œil droit. L’œil en sang, avec un hématome important, Élise avait été soutenue par sa mère, qui avait chassé le jeune homme.
Des violences en réalité coutumières… et réciproques. Mais cette fois, c’est lui qui avait commencé, avait-elle dit aux gendarmes. À la barre, Manoa soutient l’inverse. C’est elle qui avait donné le premier coup, l’avait mordu et frappé avec une bouteille isotherme « pour lui faire lâcher prise » , affirme-t-il. Toujours est-il que Manoa avait été convoqué à un stage de sensibilisation sur les violences conjugales, auquel il n’était jamais allé. Faute de moyen de transport, justifie-t-il.
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Après cette rupture, Manoa retourne vivre chez ses parents et entame une liaison avec Poe*, 17 ans. Et visiblement, avec elle aussi, le relation tourne au vinaigre. Samedi dernier, la cousine de la jeune fille, inquiète après un appel de celle-ci ponctué de bruits essoufflés, se rend sur place avec une amie. Elles découvrent Manoa en train de serrer Poe, refusant de la lâcher.
Le jeune homme explique que, pris de jalousie, il s’est persuadé qu’elle le trompait. Il a voulu fouiller son téléphone, et pour ce faire, l’a saisie par les poignets, puis mordue à la cuisse et sur l’avant-bras. Il est allé jusqu’à l’étrangler pendant quelques secondes, avant qu’elle ne le repousse de coups de poings.
Poe décrit des épisodes de violences réguliers au sein du couple. Manoa, lui, déclare que qu’il a « mérité » de recevoir des coups. Un comportement autodestructeur, que les enquêteurs sociaux et experts psy expliquent par le passé du prévenu. Celui-ci a connu deux crises suicidaires – son propre père s’est ôté la vie – , dont une tentative de pendaison.
Pour le ministère public, les faits ont été établis « avec grand peine » . La procureure évoque une « difficulté relationnelle avec la gent féminine » et un prévenu qui estime qu’il n’y est « jamais pour rien » Ce que contredisent, selon elle, les certificats médicaux. Elle requiert huit mois de sursis probatoire, un stage de sensibilisation aux violences conjugales, des soins psychologiques, une obligation de travail et l’interdiction de contact avec Poe*.
L’avocate de la défense rappelle Manoa vit dans une famille très nombreuse où il n’a pas « d’oreille attentive » pour l’aider à gérer ses émotions. Selon elle, « s’il n’y a pas d’écoute, il n’y a pas d’apprentissage non plus » et son client « n’est pas une cause perdue » .
Le tribunal a finalement condamné Manoa à six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, avec une obligation de soins psychologiques, d’effectuer le stage sur les violences conjugales, de trouver un travail. Il ne pourra pas rentrer en contact avec Poe ou paraître à son domicile, et devra verser 80 000 francs à son représentant légal
* Les prénomes ont été modifiés