Cinq ans et 14 millions de dommages et intérêts : peine exemplaire pour le chauffard de Pueu

Il avait renversé et tué une enfant de 12 ans en juin dernier à Pueu, après avoir passé l'après-midi à boire des obus. Ce lundi, un chauffard de 37 ans a été condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis probatoire pour homicide routier. Il devra également indemniser la famille de la victime à hauteur de 14 millions de francs.

(Crédit : TNTV)

L’accident s’était produit dans la nuit du 21 juin dernier à Pueu, sur la Presqu’île, vers 0h30. Partie en catimini pour une soirée à la marina avec des amis, Tuihei, 12 ans n’en était jamais revenue. Violemment percutée par un chauffard alors qu’elle marchait sur le bord de la route, elle était décédée quasi immédiatement, victime d’un polytraumatisme aux jambes et au crâne.

L’homme, qui n’a jamais contesté sa responsabilité, a finalement été jugé ce lundi par le tribunal correctionnel pour des faits d’homicide routier, comme souvent aggravés par les circonstances. Interpellé sur place quelques minutes après l’accident, il présente un taux d’alcoolémie de 0,75 mg/l d’air expiré. Un taux important qu’il explique ainsi aux gendarmes : plaquiste de profession, il venait de terminer sa première semaine de travail après une période d’inactivité et avait bu quelque 14 obus de bière dans la journée. Sans assurance ni carte grise à son nom, il s’était assoupi au volant de sa voiture, percutant la petite Tuihei.

À la barre, il déclare machinalement : « Ça m’arrive de conduire alcoolisé, mais je rentre bien chez moi. J’ai fait le mauvais choix. (…) Je suis désolé ». Il rappelle qu’il a lui-même deux enfants de 11 et 13 ans. « Vu ce que j’ai fait, je mérite d’être sanctionné. Je dois assumer mes erreurs et payer pour ce que j’ai fait ».

Des excuses que les proches de la victime, présents en nombre au tribunal, ne sont pas prêtes à accepter. Le père, en larmes, raconte avoir interdit à sa fille de sortir ce soir-là. Réveillé par la petite sœur, qui lui indique que Tuihei est partie, il se précipite dehors et arrive sur les lieux de l’accident quelques minutes après le drame. La mère, elle, garde le souvenir d’une petite fille « souriante » , qui « parlait aux gens, même ceux qu’elle ne connaissait pas » . Pour elle, rien ne peut faire revenir le bonheur dans leur foyer, devenu « silencieux » .

« Ce n’est pas excusable »

Leur avocate, Me Béatrice Eyrignoux, dénonce l’attitude totalement irresponsable du prévenu, qui a pris le volant après avoir bu plus de 7 litres de bière, en dépit des multiples avertissements de ses proches et d’une suspension de permis pour des faits similaires en 2010. « Quel est le plus grand drame que celui de perdre un enfant? Perdre un enfant, ce n’est jamais normal » , lance-t-elle. « Il a demandé des excuses, mais ce n’est pas excusable » .

La procureure Solène Belaouar acquiesce. « Aucune peine ne pourra être à la hauteur de la peine de la famille. (…) Il y a un responsable. Il s’est excusé, mais c’est trop tard ». Pour elle, la prise de conscience de l’homme est « fragile » . Elle requiert 5 ans de prison dont 2 ans avec un sursis probatoire pendant 3 ans, l’obligation de se soigner et de travailler, ainsi que dédommager les victimes.

Son conseil, Me Tefan, réitère ce qu’il avait déclaré lors du renvoi : son client est un « buveur festif et occasionnel ». L’avocat pointe la dangerosité de l’endroit où marchaient les deux adolescents : une bande de goudron et d’herbe de moins d’un mètre. « N’importe quel conducteur aurait pu percuter ces jeunes-là. Moi-même, j’aurais pu » , ajoute-t-il.

Des arguments qui n’ont pas convaincu le tribunal. Les juges suivent en grande partie les réquisitions du parquet, en condamnant l’homme à 5 ans de prison dont 2 ans avec un sursis probatoire pendant 2 ans. Outre le retrait de son permis – qu’il ne pourra pas repasser pendant 5 ans – , le prévenu devra obligatoirement se soigner, trouver un emploi et indemniser la famille de la victime à hauteur de 14 millions de francs (10 millions pour les parents, et 4 millions pour les frères et soeurs).

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