Des sanglots dans la voix, il a prononcé ses premiers mots à l’audience : “Tous les jours ça me hante le mal que j’ai fait à maman. Tous les jours, dans mes prières, je lui demande pardon. Je comprends que je vais devoir affronter les conséquences de cet acte”.
Au matin du 9 octobre 2022, dans la maison dans laquelle il vivait depuis peu avec sa mère à Taiarapu Est, cet homme de 51 ans aujourd’hui a commis le pire. Depuis plusieurs mois déjà, l’homme ruminait des idées suicidaires, mais aussi de meurtre sur sa mère, jusqu’à ce qu’il décide de franchir le pas.
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Allongé à côté de celle-ci, dont il partageait le lit, il lui a soudainement plaqué un coussin sur le visage. Mais la vieille dame de 78 ans est parvenue à se dégager. Il s’est alors placé à califourchon sur elle pour l’étrangler de ses propres mains. Une scène d’une violence inouïe suivie d’une “éjaculation” de ses propres aveux.
Mais comment ce quinquagénaire sans histoire et fan de karaoké en est-il arrivé là ? L’homme a décrit une longue descente aux enfers au décès de son père qui lui aurait demandé, sur son lit de mort, de prendre soin de sa mère. Les autres enfants de la nombreuse fratrie ne trouvaient apparemment pas grâce à ses yeux.
L’accusé a donc déménagé pour rejoindre le domicile parental. Une maison où, selon ses dires, deux de ses frères avaient pris pour habitude de dealer du cannabis, ce que ni lui, ni sa mère ne supportaient. Au point, qu’un jour, ils ont donné leur accord pour que des gendarmes mènent une perquisition.
“3 jours plus tard, mon frère a mis toutes mes affaires sur la terrasse. Il nous a chassés, maman, moi, et une de mes sœurs”, a expliqué l’accusé. S’en sont suivis de longs mois d’instabilité, d’appartement en appartement, et de changements réguliers de communes de résidence.
Côté emploi, le parcours du quinquagénaire n’a pas non plus été un long fleuve tranquille. Il a enchaîné les contrats courts, que ce soit à la Présidence, à l’Assemblée et, avant le drame, à l’OPH où il est enfin parvenu à obtenir un CDI.
“C’est à partir de là que tout a déraillé”
Il s’est alors installé à Pirae avec sa mère, dans un studio, ce qui lui permettait de déjeuner avec elle tous les midis. Mais le répit a été de courte durée puisqu’il a rapidement été contraint d’occuper un autre poste à Tipaerui, bouleversant une nouvelle fois son organisation.
“Quand on m’a dit que ça allait encore changer, j’ai perdu pied. Je n’arrivais plus à dormir. Je m’inquiétais de plus en plus pour maman. Surtout qu’elle me disait tout le temps : ‘Fiston, ne me laisse pas seule’. C’est à partir de là que tout a déraillé. Je me suis noyé dans mon anxiété”, a-t-il déclaré depuis son box. Et même s’il a finalement obtenu sa mutation à Taravao, où sa mère l’a suivi, le mal était fait.
Selon les témoignages de son entourage, l’homme, “entièrement dévoué à sa maman”, entretenait une relation fusionnelle, mais aussi malsaine avec elle. La septuagénaire a été décrite comme “étouffante” et adepte du “chantage affectif”
“S’il sortait sans elle, elle disait qu’elle mettrait fin à ses jours. Elle faisait également ça avec le père de l’accusé”, a relaté le directeur d’enquête de la gendarmerie. La mère exigeait aussi que son fils dorme avec elle.
Devant le juge d’instruction, celui-ci avait expliqué qu’il s’était “enfoncé dans la dépression” au fil des ans et que la “présence constante de sa mère l’épuisait”.
Le procès se poursuit ce jeudi et le verdict est attendu pour le lendemain. L’homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité.



