Énième épisode de la saga Starlink au fenua. Le 17 juillet dernier, un particulier avait obtenu gain de cause devant le tribunal administratif. La justice avait alors annulé le refus opposé par la direction générale de l’Économie numérique (DGEN) à l’importation d’une antenne Starlink.
Mais quelques jours après, le gouvernement a pris un arrêté. Le texte considère « non conformes les équipements terminaux de télécommunications qui fournissent un moyen de contourner directement ou indirectement les prestations assurées par les opérateurs de télécommunication disposant d’une autorisation conformément aux dispositions de l’article LP. 212-1. » Cette désignation, très large, englobe le matériel Starlink.
« On ne peut pas décemment laisser entrer ce type de matériel pour l’instant, ce qui ne veut pas dire qu’on est opposé à ces solutions de satellites basse orbite, a réagi Moetai Brotherson sur le plateau de TNTV le 3 août dernier. Simplement, nous l’avons dit depuis le début, Starlink n’est pas la seule option, et elle n’est surtout pas l’option que nous privilégions, parce qu’elle est destructrice pour l’économie locale. Et je ne parle pas simplement de l’opérateur historique, qu’on connaît tous, je parle de tous nos opérateurs. Vous avez aujourd’hui près de 3000 familles qui travaillent dans l’ensemble des opérateurs, que ce soit ceux du privé, ou ceux qui sont liés à l’OPT. Si demain, nous laissons entrer Starlink sur l’intégralité du territoire, qu’on soit clair, c’est la disparition de l’ensemble de nos opérateurs. »
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Mais les internautes du fenua n’ont pas l’intention d’en rester là. Une cagnotte en ligne a été lancée et plus de 1800 euros (soit environ 218 000 Fcfp) ont été récoltés. Objectif : déposer un recours contre l’arrêté du Pays. « Pour que nous puissions ressembler à un pays, comme tous les pays civilisés qui ont Starlink, qui laissent tout simplement la libre concurrence, la liberté de concurrence, la liberté de choisir son fournisseur d’accès Internet, confie un habitant des Australes, participant à la cagnotte, que nous avons interrogé. Pourquoi ça fonctionnerait en France ? Pourquoi ça fonctionnerait aux États-Unis ? Même dans les petites villes comme les Fidji, les Tonga, tout récemment les Bahamas, les Bermudes. Pourquoi chez eux et pas chez nous ? »
Même si le texte venait à être annulé, reste un détail, et pas des moindres : la société d’Elon Musk n’est toujours pas autorisée à proposer des abonnements au fenua. « Aujourd’hui, pour pouvoir utiliser Starlink, on est obligés de se connecter sur un autre pays, on n’est pas en Polynésie. Et effectivement, on ne veut pas seulement l’ouverture des droits, mais aussi la légalisation complète, pour qu’on ne soit plus obligés de se cacher, pour qu’on ne soit plus obligés de cacher nos antennes dans les valises quand nous voyageons. »
Le recours devrait être déposé très prochainement.