“Les procès pénaux ne règlent pas nécessairement la souffrance, la tristesse, et la peine. Ce procès en sera l’illustration”. Le procureur a donné le ton à l’entame de ses réquisitions. Face à lui, une jeune étudiante de 24 ans poursuivie pour homicide volontaire.
Le 28 janvier 2024, celle-ci avait profité du soleil avec des amis sur la plage du PK 18. En sortant du parking dans l’après-midi, pour rentrer à Papeete, sa vision a été gênée par deux véhicules stationnés le long de la route, sur la piste cyclable.
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La jeune femme s’est engagée alors progressivement sur la chaussée, alors que survenait au même moment une scootériste.
Cette jeune maman de 25 ans a légèrement heurté le capot du véhicule, suffisamment pour lui faire perdre l’équilibre. Dans sa chute, la victime a perdu son casque. Elle est décédée quelques jours plus tard à l’hôpital.
Après avoir eu “une pensée pour cette femme qui a perdu la vie (…) et pour le très jeune enfant qui a perdu sa mère”, le procureur a regretté un tragique accident.
“C’est plus simple quand un prévenu a consommé des stupéfiants, a bu de l’alcool ou qu’il roulait trop vite. Mais là, il n’y a rien de tout cela”, a-t-il dit.
Le magistrat à dépeint un accident aux “circonstances extrêmement floues” et a considéré que la jeune conductrice n’avait pas “commis de faute d’inattention ou d’imprudence” en sortant du parking.
Il a donc proposé au tribunal une dispense de peine en cas de condamnation mais s’est dit davantage favorable à une relaxe “au bénéfice du doute”.
Même chose pour les deux propriétaires des voitures garées sur la voie cyclable, également poursuivis : “Il y a une causalité indirecte. Ils obstruent la visibilité. Mais est-ce qu’il y a une violation des règles de sécurité ? Ce n’est pas évident. Il n’y a pas suffisamment d’éléments pour le dire. Il n’y a pas de panneau qui matérialise de manière indiscutable la voie cyclable”.
“C’est un accident. Un accident que personne n’a voulu”, a renchéri l’avocat de la jeune conductrice, “on se sent responsable d’un point de vue moral mais pas en termes de responsabilité pénale”.
En larmes, la prévenue a présenté ses “excuses” aux proches de la victime. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 11 mars. Une autre audience se tiendra pour chiffrer les dommages et intérêts à verser aux parties civiles.