6 ans de prison et 117 millions de francs d’amende pour un trafiquant d’ice autodidacte

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    Ce mardi, le tribunal correctionnel a condamné un homme de 39 ans pour avoir mis sur pied un trafic d'ice par colis entre le continent américain et Tahiti. La drogue était dissimulée dans des répliques de tortues, des robes, ou des skateboards par des fournisseurs mexicains, puis écoulée sur place à l'aide de deux complices, également condamnés.

    Tout existe sur internet, nouvelle démonstration au tribunal correctionnel ce mardi, où un homme de 39 ans était jugé pour avoir monté un trafic d’ice par voie postale entre janvier 2022 et novembre 2023. Pas refroidi par une incarcération de 11 mois aux États-Unis, entre 2017 et 2018, pour possession d’ice et de cocaïne, il se met à correspondre avec les membres d’un cartel mexicain sur un blog puis sur Whatsapp, pour apprendre de nouvelles façons d’acheminer de la drogue au fenua.

    Pour se faire comprendre de ses interlocuteurs – tous surnommés Luis – dans la langue de Cervantès, il utilise simplement Google traduction. Ainsi, il leur promet d’immenses bénéfices au fenua, ou le gramme d’ice s’écoule entre 150 000 et 200 000 francs, et se fait avancer la drogue, dissimulée dans divers objets. Des répliques de tortues, des bouteilles de sauce, ou des skateboards… Dans certains envois, la méthamphétamine était même incorporée directement dans le tissu de robes, selon une méthode déjà observée par les douaniers américains. Si tout n’est pas passé, ce sont quelque 4 kilos de méthamphétamine qui ont été importés.

    Lire aussi – Mexique : une importante quantité d’ice à destination de Tahiti cachée dans des tortues

    (Crédit : TNTV)

    Début octobre 2023, l’enquête prend un tournant. Les douaniers américains avisent leurs collègues français qu’une livraison de 978 grammes d’ice caché dans des skateboards est à destination de la Polynésie française. La livraison surveillée mène à l’arrestation du trentenaire, qui passait commande à l’aide d’identités usurpées, et se donnait procuration pour récupérer les colis.

    Chez lui, les enquêteurs découvrent de l’ice, du paka, et des cartes Revolut et Wise. Ces multiples comptes sur des néobanques et ses services de bureau de change pour particulier servent, soupçonne le tribunal, à blanchir l’argent et effectuer des paiements rapides et discrets. Quant à la drogue, elle est écoulée par le bouche-à-oreille, via Facebook, et l’aide active d’une complice, grosse consommatrice et déjà condamnée. C’est elle qui, missionnée par l’homme, est partie aux États-Unis pour rassurer ses « Luis » en les payant 25 000$ + 15 000€ (soit 4,8 millions de francs). C’est aussi elle qui lui fournit les cartes sim, utiles pour tracker les fameux colis.

    Le troisième larron, exécutant, est confondu sans mal par les enquêteurs. Sur son téléphone, ils trouvent des centaines de messages et de vidéos accablantes, montrant tout à la fois de l’ice et des grosses sommes en argent liquide.

    Une machine « parfaitement organisée » , à l’image d’une « entreprise » , résume le président. du tribunal. « C’est arrivé comme ça » , répond le principal prévenu, qui assure avoir entamé son introspection en prison, conscient des ravages causés par l’ice au fenua. « Merci beaucoup à la détention » , ose-t-il à la barre.

    Un repentir auquel la procureur, qui évoque le « désenchantement du monde » causé par le prévenu et sa bande, ne croit pas. Elle requiert 6 ans de prison contre le « businessman » , 4 contre sa complice et 30 mois contre le sbire, avec mandat de dépôt. Ce qu’a suivi le tribunal dans son jugement. Enfin, les deux premiers ont été condamnés à verser une amende solidaire de 117 millions de francs.

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