Cédric a grandi à Papara. Après son bac, il part étudier au Canada et s’oriente d’abord vers des études d’ingénieur informatique. « J’avais un peu perdu de vue mon objectif. À mon époque, quand venait le temps de faire des études supérieures, beaucoup partaient pour devenir ingénieur. Comme je voulais être dans la programmation, je suis parti pour être ingénieur informatique. » Mais, rapidement, sa passion le rattrape. Il change de voie et intègre une licence en imagerie. « On était encore dans la programmation, mais tout ce qui est analyse et traitement de son, d’image, de vidéo. Des logiciels comme Photoshop, on apprenait à les programmer. »
Il se spécialise ensuite dans le jeu vidéo. Motivé il se fait très vite remarquer : « On avait la chance de faire des projets de fin de semestre qui étaient présentés à des professionnels du domaine de jeux vidéo et donc je me suis fait repérer un peu grâce à ça. Il y a des gens de Panache, de ma compagnie actuelle, qui sont venus, qui m’ont repéré et grâce à ça j’ai été recruté à la fin de mes études pour travailler dans ce studio. »
Aujourd’hui programmeur d’un des plus important studio de création de jeux vidéo de Montréal, il se définit comme un « traducteur » : « Il y a des gens qui me donnent en français ce qu’ils veulent faire et moi j’écris en langage de programmation pour que la machine comprenne quoi faire. »
Cédric a notamment travaillé sur l’un des best-seller de son studio intitulé Ancestors : The Humankind Odyssey. Un jeu produit à près de 2 millions d’exemplaires « basé sur l’évolution de l’homme, sur l’ancêtre de l’homme, où on évolue à travers les âges. C’est un jeu d’action-aventure en troisième personne. »
De passage au fenua pour rendre visite à sa famille, Cédric en a profité pour rencontrer les étudiants de l’école Kanēa. Pour lui, ces jeuns polynésiens ont de l’avenir dans le secteur. « De ce que j’ai vu, ils voient un éventail assez vaste de compétences reliées à la création du numérique. Je pense qu’il y a totalement un avenir pour eux parce que c’est l’avenir, le numérique, on en a tous les jours, tout le monde en consomme et les compétences sont clairement valorisées pour ça. »
Pour ceux qui se destinent vraiment à travailler dans l’univers du jeu vidéo, Cédric recommande « de faire une spécialisation, si c’est vraiment ça qui intéresse l’étudiant, pour mettre toutes ses chances de son côté. (…) C’est un domaine qui est en pleine expansion et qui continue de fonctionner. Niveau salaire, on peut en vivre comme il faut. Après, ça varie évidemment par pays et par compagnie. »
Un domaine qui permet aussi, parfois, de faire du télétravail, même à l’autre bout de la planète. Cédric a ainsi passé une partie de son séjour à Tahiti à travailler pour le Canada. Le programmeur ne s’imagine pas pour l’instant revenir s’installer au fenua. « Je suis tombé en amour avec le Canada. Je fais ma vie là-bas. Je vis très bien. Après, j’aime quand même ma petite Polynésie. J’essaie de revenir le plus souvent possible. Et le télétravail est un des avantages. Ça permet de revenir plus souvent, de continuer à travailler, voir ma famille, les amis. Ce qui est cool, c’est aussi de voir qu’il y a des choses qui évoluent ici. Et après, pourquoi pas, un jour, faire partie de cette évolution ici. »
Une trentaine de polynésiens travailleraient comme Cédric aux quatre coins du monde dans le secteur du jeu vidéo.



