« Un seul océan, un souffle de vie » : une campagne pour prévenir les collisions entre bateaux et animaux

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    Face aux collisions entre bateaux et animaux, le gouvernement et Te mana o te moana s'associent pour une grande campagne de sensibilisation, articulée autour d'un spot vidéo et un programme d'actions de proximité dans les archipels.

    Chaque année, les eaux polynésiennes accueillent un balet de cétacés, de tortues ou de dauphins. Et chaque année, des collisions entre bateaux et animaux ternissent le spectacle.

    Il y a eu, bien sûr, le décès très médiatisé de la jeune baleine Sweet Girl en octobre 2024. Du côté des tortues, depuis 2022, l’association Te mana o te Moana a enregistré dix incidents impliquant des bateaux, dont six décès. « Entre 2004 et 2022, on recevait des tortues, mais zéro était victime de collisions. C’était soit du braconnage, soit de la pollution plastique. Vraiment, depuis 2022, on a constaté qu’il y avait un changement » , explique la directrice des opérations de l’association, Laëtitia Bisarah.

    Le ministère de l’Environnement, en lien avec la DIREN, la DPAM, le CMMPF et le milieu associatif (dont Oceania, Les Dauphins de Rangiroa, ou Toa Hine Spearfishing), a donc opté pour une campagne axée sur la communication : « Un seul océan, un souffle de vie » consiste en un spot TV de 30 secondes tourné par Tim McKenna et ses équipes, version française et reo tahiti, une déclinaison sur les réseaux sociaux et en affiches, et une tournée dans les archipels. Reao, Ua Pou, Hiva Oa, et Manihi feront l’objet d’un passage du Centre des Métiers de la Mer, pour faire inciter les bateaux à augmenter leur vigilance et réduire leur vitesse dans les zones à risque.

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    Plus largement, l’objectif est de toucher un large public, des professionnels du maritime aux familles. « Réduire la vitesse permet au final d’avoir une meilleure vision de ce qui se passe autour de nous. Si on va trop rapidement, il faut s’imaginer que la tête d’une tortue, c’est plus petit qu’une noix de coco qui flotte, insiste Laurie-Anne Soulard coordinatrice du projet. Il y a aussi toutes nos pratiques, nos habitudes, qu’on peut modifier pour les protéger » .

    Depuis 2017 et le lancement du volet anti-collision du projet Ocean Watch d’Oceania dont elle est responsable, Manola Bejarano dénombre pas moins de 900 manœuvres d’évitement – changement de cap ou une réduction de la vitesse – d’animaux. Soit « à peu près 100 manoeuvres par saison (…), autour d’une manœuvre d’évitement par jour pendant la saison des baleines à bosse » , précise-t-elle.

    Oceania compte également sur les armateurs pour leur signaler la présence de mammifères dans les zones qu’elle ne couvre pas. « Cette année, ça va être la première année où on va avoir un effort vraiment constant 7 jours sur 7 sur l’axe Tahiti-Moorea. On va communiquer avec les différents bateaux grâce à la VHF et aux armateurs pour signaler les baleines » , ajoute-elle. L’organisation va pouvoir également s’appuyer sur l’intelligence artificielle et les caméras disposées aux abords des passes de Papeete et de Vaiare, zones sensibles haut risque de collision. Un dispositif dont la mise en place a d’ailleurs été accélérée par l’accident de Sweet Girl.

    L’enjeu est aussi humain. Rahiti Buchin, président de la Fédération des sports subaquatiques l’a rappelé en évoquant deux accidents graves : l’un ayant coûté la vie au premier président de la Fédération Francis Nanai en 2006, l’autre ayant laissé un jeune athlète lourdement handicapé, en 2019. « Nous arrivons à un moment critique. Le trafic maritime augmente, notamment pendant la saison des baleines. Les risques aussi » , rappelle-t-il.

    Et les règles du jeu pourraient bientôt évoluer. Si la vitesse reste limitée à 5 nœuds aux abords des ouvrages, la direction des affaires maritimes confirme qu’une réflexion globale est en cours pour renforcer la réglementation sur la vitesse à l’entrée des passes et les lagons.

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