Après 4 mois d’enquête ponctués de 62 auditions, de visites dans 14 îles et d’une consultation citoyenne ayant mobilisé 710 participants, l’Assemblée de la Polynésie française vient de rendre publique les conclusions d’une mission d’information sur le mouillage des navires de plaisance.
Une situation sous tension
Voiliers et yachts toujours plus nombreux vers les eaux turquoise du fenua, porteurs d’emplois et de retombées économiques. Mais cette croissance engendre aussi son lot de difficultés : mouillages prolongés ou anarchiques, dégâts sur les coraux, rejet d’eaux usées et conflits d’usage avec les pêcheurs et riverains, notamment à Moorea, Raiatea, Huahine, Fakarava ou Nuku Hiva.
L’enquête met en lumière une gouvernance divisée, un déficit d’infrastructures adaptées, une règlementation encore incomplète, et une fiscalité jugée “inéquitable”, qui accentue les frustrations entre plaisance et activités professionnelles selon un communiqué de l’Assemblée sur le rapport de la mission d’information.
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70 recommandations pour changer de cap
Face à ce constat, la mission dresse une feuille de route ambitieuse, articulée autour de plus de 70 recommandations. Parmi les priorités :
-clarifier les compétences entre l’État, le Pays et les communes pour éviter les chevauchements et les zones grises juridiques
-renforcer les moyens de contrôle et de suivi des mouillages, pour prévenir les abus et protéger les lagons.
-développer les infrastructures, comme des zones de mouillage organisées ou des bouées écologiques, pour réduire l’impact sur les fonds marins.
-mettre en place une fiscalité plus équitable, afin que les plaisanciers participent davantage aux coûts liés à la protection des écosystèmes.
-déployer pleinement le téléservice ESCALES, qui permettra de gérer numériquement les mouillages et de mieux accompagner les communes dans ce chantier.
Un enjeu environnement et culturel majeur
Au-delà des aspects techniques, c’est la préservation des écosystèmes fragiles qui se joue. Les lagons polynésiens, déjà exposés aux effets du réchauffement climatique, ne peuvent supporter une pression illimitée sans risque pour leurs coraux et la vie marine.
Le communiqué rappelle aussi l’importance d’un développement maritime respectueux des cultures locales et du mode de vie des Polynésiens, pour qui la mer est bien plus qu’un décor de carte postale.
Une consultation citoyenne inédite
Pour la première fois, la population a été directement associée à la réflexion via une grande consultation citoyenne, preuve que le sujet touche au quotidien des habitants et à leur attachement profond à leur environnement.