Les sorties d’observation des baleines ne sont pas seulement un moment de plaisir pour les observateurs : elles sont aussi le moyen pour la Direction de l’environnement et l’association Oceania, qui œuvre pour l’étude et la protection des animaux marins, de procéder à la récolte de données.
Les professionnels du whale watching agréés participent ainsi au programme d’études et de conservation des baleines à bosse. À chaque sortie, ils collectent des données comme le recensement des espèces, l’identification des animaux ou la récolte d’échantillons.
Parmi les données collectées, les photographies de la nageoire caudale sont primordiales pour l’identification. Julien Anton, guide naturaliste et photographe professionnel, explique cette importance. « La caudale, la queue de l’individu est forcément un élément majeur parce que c’est un peu l’équivalent de l’empreinte digitale chez l’homme. Il y a des griffures, des points, des taches… c’est effectivement une des raisons pour lesquelles nous prenons toujours des photos depuis le bateau. Il faut savoir également lorsque nous avons la chance de pouvoir aller dans l’eau que les animaux ont des marques sur le côté » , note-t-il.
Des signes qui permettent d’identifier les animaux et donc de suivre leurs migrations en Polynésie, dans le Pacifique et le monde via le réseau Happy Whale.
Les squames, trésors biologiques
En plus des photos, les professionnels collectent des squames, ces fragments de peau perdus par les baleines, des enregistrements de chants ou encore des photos. Ces informations et échantillons sont transmis à leur retour à terre et permettent aux scientifiques de recevoir des données supplémentaires venues des cinq archipels de Polynésie.
Charlotte Esposito, directrice et fondatrice de l’association Oceania, détaille l’importance de ces récoltes. « Ils vont nous permettre d’identifier tout simplement le nombre de baleines qui vient chaque année en Polynésie française. Comprendre leur diversité génétique, ce qui est très important pour la conservation de l’espèce. Et également avoir tous les liens de parenté à l’échelle de la population » , assure-t-elle, précisant que la collecte des squames est réalisée selon un processus non invasif. « Ils se mettent à l’eau avec un petit tube pour venir récupérer ce morceau de peau, qu’ils vont ensuite mettre dans un autre tube qui a de l’alcool, donc en fait, on leur prépare des petits kits à bord déjà avec les étiquettes…«
Ces échantillons sont ensuite étudiés par l’association Oceania. « Ces analyses-là se font dans un autre laboratoire, parce que ça nécessite des outils spécifiques. Et ce laboratoire, il est basé en France, donc chaque année, je vais en France faire les analyses » , poursuit Charlotte Esposito.
La population des baleines à bosse en augmentation croissante
Les résultats sont ensuite partagés avec le Pays et les prestataires. Plus les données collectées sont nombreuses et précises, plus les mesures de protection pourront s’avérer efficaces. Elles permettent aussi de comprendre l’impact du réchauffement climatique, de la pêche et des déplacements des bateaux sur le comportement des baleines à bosse.
Julien Anton se veut rassurant quant à l’évolution de la population. « Les femelles sont généralement poursuivies par les mâles pour de la reproduction, donc certains individus sont amenés à se protéger dans le lagon, c’est quelque chose d’absolument normal et qui n’est pas inhérent à la présence ou à l’absence des bateaux (…), nous avons une population qui est en évolution croissante au fil des années, de l’ordre de 5 à 10 % d’évolution, donc c’est que tout va bien, c’est un indicateur excellent de la santé des eaux polynésiennes » , conclut-il.
Ces sorties en mer permettent également l’observation d’autres espèces de passage dans les eaux polynésiennes et moins connues ou étudiées en Polynésie, comme les orques, les globicéphales ou les baleines de Minke.



