Alors que la canne à sucre ne représentait qu’une soixantaine d’hectares à Tahiti en 2024, la filière connaît un vrai renouveau, portée par la montée de l’agriculture biologique et la demande croissante en rhum de qualité.
Sur le terrain, Vaitiare et ses collègues s’activent, rang après rang, sur une parcelle d’un hectare fraîchement préparée. Dans les mains des planteurs, 20 000 boutures de canne venues tout droit de Tahiti. L’implantation se fait à la main, rang après rang, avec un savoir-faire transmis sur le terrain. Vaitiare, l’une des jeunes participantes, explique : « Les cannes classiques, tu dois faire un espace de 50 cm et puis tu as aussi les cannes rouges, c’est-à-dire la noble. (…) On doit espacer au moins 25 cm.«
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Sous l’oeil attentif de Milton Huri, le planteur principal, la progression est méthodique. Car ici, rien n’est laissé au hasard. Le projet s’inscrit dans une démarche 100% biologique, encadrée par un cahier des charges exigeant. « On doit respecter un cahier des charges qui a été élaboré par Tahitian Distiller. (…). Le label d’abord et le IGP (Indication Géographique Protégée) qui va par la suite. Donc on est obligé de suivre le protocole, d’où le système de plantation qu’on a mis en place« , explique Milton.
Installé sur une parcelle domaniale d’un hectare et demi, Milton mise sur la durabilité. La première plantation, réalisée en février sur 5 000m2, s’est révélée prometteuse. Le planteur se félicite des conditions locales : « Le foncier à travers la terre, comme vous voyez, c’est qualité numéro un. Pour moi, il n’y a aucun problème qui gênerait la plantation. Ici, à Faaroa, il y a toujours de la pluie. Tu n’as pas besoin d’amener de l’eau de l’extérieur. » S’il confirme le succès de cette seconde phase, Milton prévoit d’étendre sa culture à vingt hectares dans les prochaines années.
Une fois récoltée, la canne sera acheminée à Taha’a, où elle sera pressée et distillée. Chaque hectare peut générer jusqu’à quatre millions de francs par an, un potentiel économique non négligeable pour l’île et ses familles.
Les perspectives enthousiasment déjà plusieurs foyers de Raiatea, prêts à suivre le mouvement. Une manière de réconcilier tradition, économie locale et durablité, tout en donnant à la canne à sucre « son éclat d’antan ».