Ce jeudi, à l’Assemblée de la Polynésie française, les représentants ont examiné puis validé le projet de délibération visant au classement d’une partie du récif de Matira — dans la commune associée de Nunue, à Bora Bora — en réserve naturelle intégrale de catégorie 1A, soit le plus haut niveau de protection prévu par le Code de l’environnement. Cette zone, rebaptisée Popora Rahui en référence à l’ancien nom de l’île, couvre 574 hectares sur 7,2 km de long et 750 m de large.
Soutenu par la commune et les scientifiques du CRIOBE, le projet répond au constat suivant : malgré un lagon réputé en bonne santé, le programme Bora Biodiv mené en 2019 révèle une diminution de la taille des poissons, une baisse des stocks de bénitiers et une pression croissante liée à la pêche, au bruit et aux activités nautiques. Une série de réunions publiques, ateliers scolaires, consultations avec les pêcheurs et les professionnels du tourisme a finalement permis un consensus pour laisser le lagon respirer. Un travail « de longue haleine » salué par l’élue Tapura, Tepuaraurii Teriitahi.
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Le Popora rahui devient ainsi le premier rahui de catégorie 1A à interdire totalement la circulation des bateaux à moteur. Les interdictions y seront strictes : pas de pêche, pas d’activités nautiques, pas de circulation, pas même de bruit pouvant troubler la tranquillité des lieux. Un comité de gestion local composé de 16 membres pilotera la gouvernance du site.
Pour la représentante Tilda Garbutt-Harehoe, ce projet est un tournant. « Nos lagons sont le cœur vivant de notre pays… Mais aujourd’hui, ce cœur s’essouffle. (…) Le rahui de Matira est un acte de souveraineté écologique. Il vient répondre à l’urgence » , souligne-t-elle.
Le ministre de l’Environnement, Taivini Teai, s’est voulu rassurant quant à la formation des agents assermentés et l’harmonisation des nombreux dispositifs de protection existants. « Lorsqu’on n’a pas l’assentiment de la population, il y a des dérives… Nous travaillons sur la formation de gardes et sur des outils de surveillance adaptés » , a-t-il conclu, mentionnant notamment le soutien de la DIREN pour l’acquisition de drones équipés de vision nocturne.



