Sur les 80 000 tonnes de déchets produits chaque année en Polynésie, 1 500 tonnes proviendraient de l’utilisation de vaisselle et autres ustensiles en plastique, et ce, uniquement pour les iles du vent. Un fléau que le Pays vient de bannir depuis le début du mois pour éviter la saturation.
« Nous sommes sur des îles où le foncier est extrêmement rare et surtout dans des îles où on n’a pas de système de traitement adéquat, où les décharges sauvages se multiplient, souligne Ryan Leou, chef de projet en gestion des déchets à la direction de l’Environnement. Quand on enfouit nos déchets à un endroit, on couvre et bien cette terre est condamnée à vie. »
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Les industriels sont les premiers concernés pour trouver des alternatives, mais la Diren invite surtout la population à changer ses habitudes. Des réflexes qui existent déjà dans le quotidien des foyers.
« Avant, on allait faire les courses, les mains dans les poches et en repartait avec des sacs plastiques plein les mains. Maintenant, on demande aux consommateurs de venir avec leur sac de course. À l’époque ça paraissait impensable pour un consommateur de venir avec leur propre sac. Maintenant, c’est dans le quotidien de tout le monde de venir faire leurs courses avec leur sac de course. »
Depuis l’entrée en vigueur de la réglementation le 1er juillet, une dizaine de commerçants ont été mis en demeure. À leur décharge, la direction de l’Environnement admet que certains produits sont parfois trompeurs. « Certains pensaient que pouvoir utiliser des gobelets par exemple en PLA (acide polylactique, bioplastique biodégradable et compostable, NDLR), ils pensaient bien faire en utilisant ce genre de plastique. Mais il faut savoir que ça reste du plastique et c’est aussi problématique que du plastique dit conventionnel. »
Désormais les consommateurs doivent se passer d’ustensiles en plastiques ou en aluminium. À partir de 2026, fini aussi les barquettes et contenants en plastique et en aluminium.

Une législation qui dès janvier 2027 visera les emballages pour les fruits et légumes. Et en 2028 le film alimentaire sera totalement banni des rayons.


De leur côté, les industriels se disent sensibles à la problématique environnementale, mais ils craignent une inégalité de traitement, par manque de concertation.
« Aujourd’hui il n’y a pas d’alternative, estime Bruno Bellanger, président du syndicat des industriels de Polynésie française. On va autoriser l’importation de produits sous barquettes thermo scellées, enfin protégés par un film depuis la métropole, alors qu’on va interdire aux petits producteurs de faire la même chose ici. Donc là, il va y avoir de la casse sociale chez Plastiserd en tant que fabricants de barquettes, mais ça ce n’est rien par rapport à l’ensemble des gens, des petits laboratoires qui vont faire leur main chez eux et qui ne vont pas pouvoir ni le protéger, ni le présenter correctement. »
Pour le seul producteur de plastique du fenua, un nouveau risque se profile. « Le producteur est responsable de ce qu’il vend. Donc s’il y a une épidémie qui est développée parce qu’un produit a mal été conditionné ou un produit n’a pas été mis à la commercialisation dans les bonnes conditions, le producteur est responsable. Donc la protection est importante. Les gens voient beaucoup l’aspect visuel, l’aspect commercial, parce qu’on n’achète pas un produit qu’on ne voit pas, mais l’aspect sécurité alimentaire est très très fort. »
Les exemples à l’international ont démontré que nos sociétés sont dépendantes au plastique, mais la Diren veut croire au changement des habitudes.
Pour Ryan Leou, « on peut être leader dans ce domaine, dans la préservation de l’environnement, dans la réduction de nos déchets. On n’est pas obligé de suivre ce qui se fait à l’étranger. On peut aussi être innovant dans certains domaines ».
Pour rappel la vente ou l’utilisation de ces produits peut désormais couter cher. Jusqu’à 300 000 F d’amende pour un particulier, et 1,5 million pour un professionnel. En cas de récidive, jusqu’à 12 millions.