Les pensions de famille des îles, « un produit qui va plaire au marché européen » , prédit Tahiti Tourisme

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    Invitée de notre journal ce vendredi, la directrice générale de Tahiti Tourisme Vaihere Lissant a détaillé ses choix stratégiques, alors que le boom post-covid du secteur touristique s'estompe, début 2025. Selon elle, il faut "inciter au développement des pensions de famille, qui valorisent vraiment les îles, les archipels". Interview.

    TNTV : Vous étiez directrice marketing depuis 2015. C’était votre ambition de devenir directrice générale ?
    Vaihere Lissant, Directrice générale de Tahiti tourisme :
    « Je travaille en fait depuis 11 ans à Tahiti Tourisme, 10 ans en tant que directrice marketing et communication. Ma nomination en tant que directrice générale est le résultat d’une promotion interne. C’est plutôt une suite logique, naturelle (…) » .

    TNTV : L’actualité fraîche de Tahiti Tourisme, c’est tout d’abord le lancement de cette plateforme Hina.
    V.L : « En quelques mots, c’est une plateforme en ligne, Hina.pf, qui permet aux touristes de contribuer, de faire des dons à quatre projets sélectionnés, portés par des associations locales. Donc, c’est un projet surtout qui répond à une demande de touristes (…) de contribuer après un séjour en Polynésie à des projets bien concrets, en local, qui participent à l’amélioration du bien-être local et du bien-être des populations locales. Ce sont quatre projets qui résonnent avec les valeurs du tourisme durable. On a collaboré avec deux entités incontournables du tissu associatif, la FAPE et la fondation ANAVAI qui nous ont aidé à les sélectionner. Et surtout, qui vont nous aider à s’assurer que chaque don donné par un touriste soit bien reversé pour le projet » .

    TNTV : Ça pose la question de la traçabilité de cet argent. Vous avez le temps et les moyens de faire ça ?
    V.L :
    « On se repose sur ces deux entités (la FAPE et la fondation ANAVAI) qui ont une expertise dans le tissu associatif. En fait, ce sont ces entités qui vont s’assurer que chaque don est bien reversé pour le projet sélectionné par le touriste » .

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    TNTV : Cette plateforme, cette demande de dons, ça peut paraître quand même un petit peu curieux pour une entité comme Tahiti Tourisme, qui est déjà financée.
    V.L :  » Il ne faut pas confondre, ce sont vraiment deux choses différentes. Les dons qui sont donnés par les touristes à travers de cette plateforme ne transitent pas par Tahiti Tourisme. Notre rôle, c’est vraiment d’être la vitrine, de mettre en avant ces projets associatifs locaux et de permettre ce lien entre les touristes et les associations locales. Il y a deux projets qui sont plus sur la thématique de l’environnement, la protection de nos baleines ou de nos dauphins. Il y a un projet pour financer des pirogues traditionnelles, pour pouvoir donner des cours de navigation traditionnelle à la jeunesse polynésienne » .

    TNTV : Il y a des chiffres aussi qui font l’actualité : -3% en termes de fréquentation touristique pour le premier trimestre 2025. Après, les chiffres records post-Covid, ce n’est pas énorme. Quelle est votre explication face à l’essor qu’il y a pu y avoir en 2024 ?
    V.L :
    « 2024 est la deuxième année record suite à 2023. 2023-2024, on peut associer ça à un retour post-Covid, à ce qu’on a appelé le Revenge Travel. Ces voyageurs qui étaient un peu frustrés pendant la période Covid, qui n’ont pas pu voyager. Donc là, le phénomène, s’estompe clairement. Et ce qu’on observe en 2025, c’est vraiment le retour de la saisonnalité. On voit vraiment le côté basse saison, haute saison, ce qu’on n’avait plus sur l’année 2023-2024. Et les moins 3% du premier trimestre s’expliquent. C’est surtout le tourisme de croisière qui se rétracte. Il y a 3 bateaux basés à l’année en Polynésie – le Paul Gauguin, le Aranui et le Starbreeze. Ces 3 bateaux, sur cette période, sont partis en carénage et donc ont quitté les eaux polynésiennes à un moment précis. Mécaniquement, ça a une répercussion sur le tourisme de croisière » .

    TNTV : Quand vous parlez d’effet sur les croisières et les croisiéristes, on pense peut-être à l’effet Trump ?
    V.L :
    « Le tourisme, de manière générale, fluctue beaucoup en fonction du contexte international. En l’occurrence, ici, les décisions, en tout cas les effets d’annonce du président américain et son lot d’incertitudes, c’est quelque chose sur lequel on reste extrêmement vigilant. Ceci dit, sur les prévisions qu’on voit, en tout cas pour la haute saison, pour les prochains mois, les prévisions restent positives. Là où on a un peu plus d’incertitudes, c’est pour la prochaine basse saison, donc à partir du mois de septembre qui arrive. Par anticipation de cette basse saison, on vient de lancer une action supplémentaire depuis le début du mois de mai : une campagne de vente avec la collaboration d’une vingtaine de structures hôtelières de Polynésie de différentes îles pour proposer des tarifs spéciaux pour booster cette période de basse saison qui court de septembre prochain à mars de l’année prochaine » .

    TNTV : Il faut aussi pouvoir les accueillir. On connaît un petit peu la problématique en Polynésie française. Certains hôtels n’ont pas rouvert. Comment est-ce que vous pouvez peser dans ce débat ?
    V.L :
    « On est en relation au quotidien avec les opérateurs, avec les agents de voyage sur les marchés, avec la clientèle touristique. Nous, ce qu’on fait valoir, c’est surtout les remontées de terrain. Donc la capacité hôtelière, clairement, il faut la développer, il faut la diversifier. On est vraiment en phase avec la volonté du Pays, par exemple, de développer tout ce qui est structure en moyenne gamme, donc le deux, trois étoiles. Aujourd’hui le parc hôtelier est dominé par les hôtels de quatre, cinq étoiles. Et avec la hausse des tarifs qu’on a connue ces dernières années, ça nous a coupé un petit peu de certains marchés qui n’ont plus les moyens de venir en Polynésie, type Australie, Nouvelle-Zélande ou Japon, avec le Yen qui est faible. Investir dans du deux, trois étoiles, on pense que c’est vraiment une solution pour aller chercher ces marchés. Ensuite, inciter au développement des pensions de famille, par exemple, qui valorisent vraiment les îles, les archipels. C’est vraiment un produit qui va plaire au marché européen » .

    TNTV : Et est-ce que vous pouvez avoir une parole rassurante ce soir envers les Polynésiens et dire que les prix ne vont pas forcément être tirés vers le haut ?
    V.L : « Justement, il y a les basses saisons qui reviennent, il y a les structures hôtelières qui font des efforts pour aller chercher ce marché américain. La hausse des tarifs, ça dépend aussi de l’offre et la demande (…) donc là, avec les basses saisons qui reviennent, je pense que ce phénomène risque de s’atténuer. Et par rapport au contexte américain, il faut rester vigilant » .

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